La place de la Liberté de la presse, située sur la rue Hassiba Ben Bouali, était hier sous haute surveillance. Le lieu était quadrillé, depuis très tôt dans la matinée, par un impressionnant dispositif de sécurité, empêchant toute personne n'appartenant pas aux «officiels» d'accéder au carré où une stèle est érigée à la mémoire des journalistes assassinés par les terroristes durant la décennie noire. Des députés et cadres du FFS, des activistes des droits de l'homme ont non seulement été empêchés de déposer une gerbe de fleurs pour marquer la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse pour rendre hommage aux journalistes assassinés par le terrorisme, mais ont aussi été malmenés et brutalisés par les policiers présents en force tout au long de cette rue. Des fourgons de police étaient stationnés à proximité de la place. Le décor est planté et les membres de la Coordination nationale des familles de disparus (CNFD), qui ont saisi cette occasion pour plaider leur cause auprès des médias dépêchés sur les lieux, n'ont pas été épargnés. Ils ont été sommés de rentrer chez eux. «Circulez, il n'y a rien à voir. Pas de rassemblement», leur a signifié un policier, avant de recourir à la force. Le député du FFS, Ahmed Betatache, qui était dans la délégation, a été bousculé et molesté. D'autres militants qui ont osé protester et dénoncer le comportement des policiers ont été brutalisés, arrêtés, puis embarqués vers le commissariat. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment M. Aouchiche, secrétaire national à la communication, ainsi que Seradj et Mahtout, militants de la fédération d'Alger. Moumène, de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) et plusieurs membres des familles de disparus ont été également embarqués vers les commissariats de Cavaignac et de Diar Saâda, notamment. «Le but de notre rassemblement est de demander des comptes aux autorités quant à nos enfants enlevés pendant les années 1990 et début 2000. Nous exigeons des réponses à nos dossiers afin que nous puissions faire notre deuil. Mais les policiers nous ont accueillis avec le bâton», martèle une mère brandissant un portrait de son fils dont le sort est inconnu. Les policiers étaient chargés de préparer le terrain au ministre de la Communication, Hamid Grine, et de faire face à un éventuel problème. Arrivé sur place, le représentant du gouvernement, accompagné des cadres de son ministère et de certains directeurs de journaux, a observé une minute de silence à la mémoire de ces martyrs du devoir national. Devant les médias, le ministre a appelé à améliorer les conditions de travail des journalistes. «Les directeurs de journaux devraient penser à la situation des journalistes en cette journée, car le journaliste doit avoir une rémunération conséquente et une formation lui permettant de maîtriser davantage la profession. Il y a des journalistes qui vivent dans la précarité et touchent des salaire très bas et de surcroît ils ne sont pas assurés», s'est indigné le ministre, qui se contente, encore une fois, d'une simple dénonciation.