Chawki Mostefaï est né le 5 novembre 1919 à M'sila, où son père exerçait la fonction de cadi. Cependant, il est originaire de Guenzet, près de Bordj Bou Arréridj. En 1938, il décroche un baccalauréat de philosophie à Sétif. Mais c'est vers la médecine qu'il va s'orienter, études qu'il suivra d'abord à l'université d'Alger (Fac centrale), avant de parfaire sa formation à Toulouse, puis à Paris où il fera sa spécialité (ophtalmologie). Le docteur Chawki Mostefaï s'est éveillé très jeune aux idées nationalistes. Membre de la section des jeunesses socialistes (SFIO) à Sétif en 1936-1937, la lecture du journal El-Ouma, l'organe central de l'Etoile nord-africaine, en fera un fervent partisan du courant indépendantiste de Messali Hadj. Après la débâcle de la France face à l'Allemagne nazie le 18 juin 1940, il élabore avec un groupe d'étudiants, à Alger, un projet insurrectionnel qui devait aboutir au déclenchement de la lutte armée le 1er octobre 1940. Le groupe sera dissuadé par Lamine Debaghine de lancer une action précipitée. Le chef du PPA clandestin lui offre, en contrepartie, d'intégrer un de ses représentants dans la direction du PPA. C'est ainsi qu'en octobre 1940, Chawki Mostefaï est admis comme membre dirigeant du Parti du peuple algérien. Il crée, dans la foulée, la section universitaire du PPA en 1941. En mars-avril 1945, il conçoit le drapeau qui deviendra l'emblème officiel de l'Algérie indépendante. Durant les événements du 8 Mai 1945, il fait partie de la poignée de membres dirigeants du PPA qui vont s'employer à desserrer l'étau sur le Constantinois, en proie à un déluge de feu. C'est à ce titre qu'il vote l'ordre d'insurrection générale de diversion, puis le contre-ordre (13 mai 1945). En octobre 1946, Chawki Mostefaï est dans le comité central fondateur du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) créé après la dissolution du PPA. Il est élu délégué à l'Assemblée algérienne de 1948 à 1951 pour la circonscription de Constantine. Entre 1949 et 1951, il joue un rôle décisif dans le règlement de la «crise berbériste» au sein de la Fédération de France du PPA-MTLD. En 1951, il démissionne en signe de protestation contre l'hégémonisme de Messali sur le fonctionnement du parti. Après le déclenchement de la Révolution, il est missionné par le FLN pour négocier avec les autorités tunisiennes l'acheminement de la délégation extérieure du FLN qui devait prendre part au Congrès de la Soummam. Entre 1956 et 1958, il est conseiller politique de Krim Belkacem. Il est, par ailleurs, rédacteur en chef du journal du FLN Résistance. Chawki Mostefaï participe ensuite au rapport sur le projet de création du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA). En octobre 1958, il est nommé chef de la mission diplomatique du GPRA auprès de l'Etat tunisien, avant d'occuper les mêmes fonctions auprès de l'Etat marocain entre 1960 et 1962. Il jouera un rôle prépondérant dans la mise en échec du projet du «Sahara des Riverains» cher à De Gaulle, ce qui va ouvrir la voie à la reconnaissance, par la France, du Sahara comme partie intégrante de l'Algérie. Après les Accords d'Evian, il est nommé chef du groupe FLN à l'Exécutif provisoire par le GPRA. Il est délégué aux Affaires générales, avec pour mission de coordonner l'activité du groupe FLN et préparer, de concert avec le Haut Commissariat français, le referendum d'autodétermination du 3 juillet 1962, ainsi que l'élection de l'Assemblée Constituante. Sitôt l'indépendance actée, le docteur Chawki Mostefaï mettra fin à toutes ses activités politiques et se retire de la vie publique.