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Quand des étudiants planifiaient la lutte armée pour le 1er octobre 1940
Ils voulaient profiter de la débâcle de la France face à l'Allemagne nazie
Publié dans El Watan le 07 - 05 - 2015

Parmi les nombreux sujets évoqués avec le docteur Chawki Mostefaï, celui de son adhésion précoce au nationalisme et le projet insurrectionnel qu'il avait commencé à «mijoter», en compagnie d'une poignée d'étudiants de l'université d'Alger (dont un certain… Mouloud
Mammeri). Ils entendaient profiter de la débâcle de l'armée française face à l'Allemagne nazie, le 18 juin 1940, pour frapper un grand coup. Une date avait même été arrêtée pour déclencher la lutte armée : le 1er octobre 1940.
Revenant sur cet épisode, l'ancien membre de la direction du PPA a souligné d'emblée que sa sensibilité au nationalisme s'était révélée bien plus tôt alors qu'il était jeune lycéen à Sétif. «En vérité, cette idée-là n'est pas née à Alger. Elle est née à Sétif. Nous étions alors au lycée. Nous étions un groupe de copains que j'aime bien citer : il y avait Ali Benabdelmoumène de Toudja (Béjaïa), Allag Abderrahmane, de Kherrata, Ahmed Sidi-Moussa de Michelet, dont le père avait un magasin à Sétif. Il y avait aussi Derouiche Mohammed de Aïn El Kebira.
On était en 1934. Il y avait deux phénomènes politiques à l'époque : le Front populaire de Léon Blum, côté français, et du côté algérien, il y avait une activité des élites intellectuelles algériennes dirigées par le docteur Benjelloul, et qui avait comme adjoint Ferhat Abbas. Ils avaient créé la Fédération des élus. C'était l'époque héroïque de l'assimilation.» Et de poursuivre : «C'est au lycée que nous avons découvert, grâce à un camarade qui avait un cousin qui était militant au sein du PPA à Paris, le journal El-Ouma (l'organe central de l'Etoile nord-africaine, ndlr).
Alors, quand on passait de ce qu'on lisait de Bendjelloul, de Ferhat Abbas, à la lecture des articles d'El-Ouma, c'était le jour et la nuit. Et c'est là que nous avons pris conscience vraiment du problème national. On attendait le journal avec un enthousiasme extraordinaire. Et c'est ainsi que nous avons décidé de prendre en charge le problème de la souveraineté du pays. On pensait déjà à l'indépendance. On pensait que le peuple algérien avait besoin de se libérer et on discutait de la question de savoir comment se libérer».
Rencontre décisive avec Lamine Debaghine
L'idée de planifier une insurrection armée fait son chemin dans l'esprit de nos lycéens lumineux. Faire parler la poudre leur semble une évidence. «Les Français ne sont quand même pas venus avec des fleurs à la boutonnière !» lâche le docteur Mostefaï. «Voilà comment ces quatre ou cinq lycéens à Sétif ont vu naître en eux l'idée nationale de libération par le moyen de la lutte insurrectionnelle. Voilà, si vous voulez, l'origine de ce qui s'est passé à Alger, parce que quand on est venus à Alger, on est venus avec ces idées-là», précise-t-il.
Un étudiant en quatrième année de médecine allait tempérer leurs ardeurs : Mohamed Lamine Debaghine. «Il nous avait demandé de tout arrêter et de rejoindre le PPA», confie notre hôte. «Il a proposé au groupe des étudiants de désigner un parmi eux qui serait membre de la direction du PPA qui, lui, prépare l'indépendance de l'Algérie avec, comme idée, la voie des armes. ‘‘Désignez un parmi vous, c'est votre garantie, messieurs les étudiants'', disait Lamine Debaghine. Etant donné que je le connaissais, leur choix s'est porté sur moi». C'est ainsi que le jeune Mostefaï, qui était alors en première année de médecine, allait se retrouver dans l'état-major du parti de Messali.
Le parti était sous le coup d'une interdiction depuis 1939, et son leader emprisonné. «J'étais le premier ‘‘intellecto'' à intégrer la direction du PPA», fait remarquer Chawki Mostefaï dans un sourire. Ironie du sort : alors que ce groupe de «conjurés» voulait recruter Lamine Debaghine sur conseil de Mostefaï, c'est finalement l'inverse qui se produira. Bien des années après ces faits, Chawki Mostefaï adressera une lettre émouvante, au ton fraternel, au docteur Lamine Debaghine, dans laquelle il revenait sur ce moment décisif. C'était au début des années 2000. «Pourquoi je l'ai écrite si tard ?» se demande-t-il. «J'ai écrit cette lettre parce que j'ai été écœuré par ce que je lisais. Untel disait : ‘‘j'ai fait ceci, j'ai fait cela…'' Qu'est-ce que c'est que ça ?
Personne n'a rien inventé. Le premier qui a inventé quelque chose c'est Abdelkader. Et puis, il y a eu toutes les insurrections qu'il y a eu. Ils ont eu aussi l'idée de se libérer. Et même avant nous, les étudiants, il y a déjà eu le CARNA (Comité d'action révolutionnaire nord-africain, ndlr)». Dans sa lettre au docteur Lamine Debaghine, Chawki Mostefaï rappelle les conseils de son aîné qui dénotaient un sens stratégique aiguisé. Voici la réflexion émise par Lamine Debaghine, alors chef du PPA clandestin, à l'adresse de nos jeunes révolutionnaires impétueux : «Je ne suis pas contre la lutte armée.
Au contraire, c'est ma raison d'être. Mais je suis contre l'improvisation, contre la précipitation, contre l'optimisme incontrôlé, contre le désordre. D'ailleurs, vous l'ignorez probablement, nous ne sommes pas les seuls à avoir ces idées et à raisonner de cette manière. Il y a une troisième organisation, de patriotes authentiques, le CARNA, qui s'apprêtent, eux aussi, à profiter de la défaite militaire de la France pour déclencher l'insurrection. Eh bien, pour moi, cela fait trop d'insurrections à la fois. Une seule, et une bonne, suffirait !»
«C'est l'indépendance, notre doctrine !»
Chawki Mostefaï évoque, au passage, les débats idéologiques qu'il partageait avec les étudiants qu'il approchait, à la même époque, alors qu'il était à la tête de la section universitaire du PPA qu'il avait montée. Il se souvient que la question de la doctrine du parti les turlupinait. «Et on leur disait : ‘‘Pour l'heure, notre seule doctrine, c'est l'indépendance''. Lamine répondait : Nous devons préalablement nous débarrasser du colonialisme. Soyons d'abord indépendants, après on verra.
Evitons les luttes entre les courants d'opinion. A un moment donné, il va falloir discuter avec la France et il faut qu'il y ait une seule force face à la France.» Mostefaï de nous faire remarquer : «C'est en 1941 que le principe de la non-doctrine a été voté. La seule doctrine, c'est l'indépendance et l'indépendance totale, c'est-à-dire radicale. Si on se met à discutailler, jamais on n'arrivera à rien. Il faut qu'il y ait une seule force organisée pour prendre les armes. N'djibouha wella n'moutou.
Ça c'est le point nodal de la pensée de la lutte pour l'indépendance. Il faut que l'indépendance soit acceptée et prise en main par le peuple tout entier.» Porté par cet élan unitaire, Lamine Debaghine, prenant sous son aile le jeune étudiant, va approcher Ferhat Abbas pour tenter de le «ramener dans le giron du nationalisme». Cette première approche qui a pour cadre l'hôtel des Négociants, à l'ex-rue d'Isly, se solde par un échec. «Je ne suis pas homme à changer de fusil d'épaule !» a tranché Ferhat Abbas, se souvient Mostefaï.
Suite au débarquement américain du 8 novembre 1942, les deux hommes reviennent à la charge, cette fois avec succès. «Nous l'avons trouvé dans de meilleures dispositions», se félicite Chawki Mostefaï en glissant, en passant, que «Ferhat Abbas était un ami de la famille». C'est dans cette parenthèse de connivence que le prestigieux pharmacien de Sétif va s'atteler à l'élaboration de ce qui allait devenir Le Manifeste du peuple algérien, et qui allait servir de document de référence à l'association qu'il allait fonder dans la foulée : Les Amis du Manifeste et de la Liberté (AML).
Ferhat Abbas et le Manifeste
Mostefaï précise toutefois que «c'est Lamine Debaghine qui avait fixé le canevas du Manifeste». Dans sa lettre à son ancien mentor, il explique : «Les pourparlers avaient abouti à la décision qui confiait à Ferhat Abbas le soin de préparer un avant-projet de programme conforme à nos propositions politiques et aux données nouvelles créées par la présence des alliés dans notre espace géographique.
Le Manifeste du peuple algérien, qui avait été discuté et accepté par nous, a été présenté par Ferhat Abbas aux Alliés et à la délégation française qui l'ont trouvé trop extrémiste. Ce qui a incité Ferhat Abbas à rédiger, sans nous consulter, ‘‘l'Additif'' au Manifeste, ce que nous avons rejeté.» Toujours est-il qu'après la création de l'association des AML, le PPA y sera présent en force, souligne Chawki Mostefaï, en raison, notamment, du fait que le parti était officiellement interdit.
Dans son récit relatif au contexte politique ayant présidé aux événements du 8 mai 45, il dira : «Grâce au Manifeste et à son Additif adopté le 26 mai 1943 par les sections Arabes et Kabyles des Délégations financières, Additif que nous n'avons pas avalisé en raison de sa référence à l'Union française, Ferhat Abbas a néanmoins accompli un travail considérable en diffusant dans les milieux de la bourgeoisie intellectuelle et commerçante l'idée du nationalisme, modéré certes, mais remettant en cause le sacro-saint dogme de l'Algérie française. C'était là une avancée intéressante.
La nécessité se fit bientôt sentir de structurer ce vaste mouvement d'opinion pour le rendre capable d'entraîner les masses populaires dans des actions qui s'avéraient indispensables en raison des attitudes négatives et dilatoires des autorités françaises, dont le seul souci était l'effort de guerre.» Et de souligner : «Le PPA s'y employa efficacement grâce à son organisation clandestine qui déploya une activité au grand jour, s'avéra ainsi d'une grande efficacité et, par la force des choses, devint la colonne vertébrale des AML».
L'auteur note plus loin : «Pour la première fois, on a assisté à la conjonction des deux mouvements nationalistes, réformiste autour de Ferhat Abbas, et radical autour de Hadj Messali, c'est-à-dire le PPA, combiné à une intrication structurelle des deux courants dans le mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML), et ce, à la demande de Ferhat Abbas au PPA de lui prêter main forte, grâce à son organisation clandestine disséminée sur tout le territoire national, pour créer, rapidement, un grand mouvement de masse capable d'appuyer efficacement les revendications contenues dans le Manifeste du Peuple Algérien.»
Le PPA taxé de pro-hitlérien
L'ancien responsable de la section universitaire du PPA s'agace de certaines allégations qui voient dans ce déploiement tous azimuts du parti nationaliste une manœuvre visant à noyauter les AML : «[…] Lorsqu'il fallut décider de manifester pour son propre compte au plan syndical, le 1er Mai et le jour de la victoire, le PPA fut accusé d'avoir noyauté les AML dans le but de mener sa propre politique en trahissant la confiance de ses partenaires. Ce qui était absolument contraire à la réalité. En effet, le PPA, en raison de sa politique radicale, représentait pour le pouvoir colonial l'ennemi à abattre.
Et comme il y avait eu des antécédents de tentatives de rapprochement de nationalistes algériens dont Ouamara Rachid, Radjaf Belkacem, pour obtenir aide et appui des Allemands dans leur action anti-coloniale, il était facile pour l'Administration de taxer le PPA et ses militants de collaborateurs de l'Allemagne hitlérienne, et ce, malgré la position non équivoque, anti-nazie et pro-occidentale de Messali Hadj, emprisonné à El Harrach depuis le 4 Octobre 1939».
Dans un autre passage, il se désole du fait que «certains auteurs ont présenté l'Association des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML) comme une initiative et une œuvre unilatérale des amis de Ferhat Abbas, offrant ainsi l'occasion au PPA de s'engouffrer à l'intérieur des AML pour en prendre le contrôle.
Je m'inscris en faux contre cette vision des choses, suggérée après coup, après les événements tragiques de Mai 45, après les massacres des populations et l'emprisonnement des dirigeants des AML en la personne de Ferhat Abbas et du Docteur Saâdane». Et de remettre les pendules à l'heure en attestant : «La vérité toute simple est que, si Ferhat Abbas a effectivement pris l'initiative de lancer les AML et accompli de gros efforts pour la diffusion du Manifeste en sillonnant l'Algérie d'Est en Ouest, le mouvement n'a pas pu dépasser le stade du rassemblement de personnalités, appartenant à la classe moyenne, intellectuels, professions libérales, fonctionnaires, commerçants ; bref, un rassemblement bon enfant typiquement bourgeois.
Ce qui a amené Ferhat Abbas et Hocine Asselah à concevoir l'implication de l'organisation clandestine du PPA pour dynamiser le mouvement existant en le structurant et en le popularisant. Lorsque l'idée a été soumise à l'approbation de la Direction, cette dernière n'y a vu que des avantages pour le développement de l'idée nationale, avec, en plus, une ouverture plus grande de l'action de nos militants qui pouvaient désormais agir au grand jour, sous l'étiquette et le parapluie d'une organisation légale.»
La stratégie de la lutte globale
Après 45, le docteur Chawki Mostefaï rappelle comment il a joué un rôle déterminant dans la nouvelle stratégie du PPA-MTLD. Une stratégie moins frontale, en apparence, pendant que, parallèlement à son activité partisane légale, le grand parti nationaliste travaillait déjà à peaufiner sa stratégie militaire à travers la création de l'OS. «Quand nous avons créé le MTLD, en 1946, c'est moi qui en ai eu l'idée, ce n'est pas Messali», assène notre hôte. «Chaque fois qu'on a prononcé le mot ‘‘indépendance'', on a écopé de 20 à 25 ans de prison. Alors, j'ai dit abandonnons ce mot d'indépendance et revendiquons les libertés démocratiques.
Les Français ne pourront jamais nous taper dessus parce qu'on demande la liberté de la presse, la liberté de parole, la liberté de réunion, la liberté d'organisation… Et pour tout le monde. Il faut permettre à tout le monde de s'exprimer. Et je suis arrivé à les convaincre», raconte Mostefaï en idéologue rôdé.
Une finesse (ou finasserie, c'est selon) qui doit, peu ou prou, aux enseignements tirés de son compagnonnage avec son mentor, Lamine Debaghine. Cette nouvelle ligne directrice devait ainsi permettre au parti, à la fois de souffler après la terrible répression qui a laminé ses cadres et ses militants de base, et d'occuper les espaces qu'autorise la légalité. «Pouvoir s'exprimer dans les meetings électoraux, au Parlement, à la presse internationale, qui est-ce qui va vous donner ça ?
C'est les libertés démocratiques», appuie Mostefaï en plaidant pour le principe de la lutte globale, à la fois sur le terrain politique et sur le front militaire, ce qui préfigure déjà le couple FLN/ALN. «Nous avons commencé à préparer l'OS en même temps qu'on restructurait le PPA-MTLD, et dès le congrès de 1947, nous avons officialisé la création de l'OS», explique Chawki Mostefaï. «Nous avons préparé le peuple algérien à l'insurrection grâce à cette astuce du M-T-L-D !» martèle-t-il avec la même énergie que celle qui l'animait dans son ardente jeunesse. Pour lui, la grande popularité dont jouissait le PPA-MTLD et ses conquêtes électorales, malgré la répression, malgré Naegelen, sont la preuve éclatante que «le peuple était pour l'indépendance radicale». Méditant l'état de l'Algérie 70 ans après Sétif, l'infatigable chef nationaliste lance dans un soupir : «Il faut qu'il y ait un Lamine Debaghine qui mette tout le monde d'accord».
Il n'a pas dit Messali. Il n'a pas dit Ferhat Abbas. Il a fallu, fait-il subtilement remarquer, une synthèse ingénieuse du tempérament des deux hommes pour fabriquer, avec leurs moitiés, un leader unique (dans les deux sens du terme). Dans un texte intitulé Un peuple se renforce en regardant ses faiblesses, et que le lecteur peut consulter sur son blog (mostefai.over-blog.com), Chawki Mostefaï a ces mots pleins de bon sens, et qui ont le goût de la vérité féconde : «Le peuple algérien a besoin de se repérer dans la multitude et la complexité des faits qui ont abouti à sa situation actuelle.
L'histoire de sa libération a été marquée par deux personnalités de dimension historique, Messali Hadj et Ferhat Abbas. L'un a bien débuté et mal fini. L'autre a mal débuté et bien fini. Les carrières politiques de ces deux hommes se sont croisées dans le temps. Mettons côte à côte le bon début de Messali Hadj et la bonne fin de Ferhat Abbas et nous aurons une image complète et simplifiée, en même temps qu'un symbole de la marche en avant de la révolution algérienne».


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