Les adversaires du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani, ont décidé d'entamer une série d'actions pour parvenir à l'annulation du 10e congrès à la fin du mois. Pour ce faire, ils commencent par s'adresser directement au chef de l'Etat, en sa qualité de président d'honneur du FLN. Il est en effet sollicité par des «poids lourds» pour mettre fin à la cacophonie qui règne au FLN. A cela s'ajoute une lettre d'opposition, déposée mardi dernier par Fatiha Himer, huissier de justice, auprès du ministère de l'Intérieur et à la wilaya d'Alger. Une procédure pour l'annulation de l'«accusé de réception remis par les services concernés aux partisans de Amar Saadan», précise un membre de l'opposition. Dans leur démarche, les adversaires du secrétaire général s'appuient sur l'article 52 du règlement intérieur, qui stipule que seul le comité central, sur proposition du secrétaire général, «détermine les procédures spécifiques à la préparation du congrès». Pour eux, le secrétaire général n'a pas le «droit de fixer la date du congrès». Ils lui reprochent également de ne pas avoir «fixé les critères pour le choix des congressistes». Ils accusent le premier responsable du FLN d'avoir «confectionné une nouvelle structure sur mesure» pour s'offrir un «congrès sans opposition, à l'image de celui de l'UGTA, qui avait permis au secrétaire général de la centrale syndicale, Sidi Saïd de se faire réélire pour un troisième mandat», condamne le sénateur Boualem Djaffaâr. La bataille pour empêcher la tenue du 10e congrès pourrait être portée devant les tribunaux, si la wilaya rejetait les arguments avancés par l'opposition. Dans ce cas de figure, une plainte auprès de la chambre administrative sera déposée par maître Hamidi Khodja, celui-là même qui a obtenu l'annulation de la session du comité central du 29 août 2013, avant que l'arrêt ne soit à son tour annulé par une décision de la chambre administrative du tribunal de Bir Mourad Raïs, permettant à Amar Saadani de trôner sur le parti. Abderrahmane Belayat, le coordinateur du mouvement de redressement, se dit «conscient» que ce nouveau cas de figure peut se reproduire. Pour lui, «l'essentiel est que la justice nous donne raison. Après, si le congrès se tient malgré une décision de justice, nous serons face à un pouvoir de fait», juge-t-il. Par ailleurs, la désignation des délégués au congrès est en passe de se transformer en une «fitna», suite à la décision de la direction de confier le choix des congressistes à une commission locale. Lundi, la mouhafadha de Khenchela a été incendiée juste après l'installation du président de la commission de wilaya. Les militants reprochaient le choix porté sur un membre de l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Quant à la mouhafadha de Annaba, elle a annoncé dans un communiqué avoir installé une cellule de crise en raison du «système corrompu» mis en place au sein du parti. Signe de l'urgence de la situation, Amar Saadani a rendu visite, mercredi dernier, à Ould Khelifa, président de l'Assemblée populaire nationale (APN), au moment où un groupe de députés frondeurs a publié une lettre ouverte au président Bouteflika, dénonçant la direction actuelle. En effet, mardi dernier, un nouveau communiqué signé par Mouadh Bouchareb, Youcef Nahet et Amar Khemisti, répondait aux accusations de la direction contre les députés frondeurs, selon lesquelles ils veulent s'opposer aux projets du président de la République. Les trois signataires assuraient le Président de leur «soutien», tout en se disant prêts à continuer à «combattre les agissements de la direction actuelle, en recourant aux moyens légaux». Si rien n'a filtré sur cette rencontre, il est utile de rappeler que le secrétaire général du parti avait déjà menacé Ould Khelifa d'un retrait de confiance des députés FLN s'il ne «se débarrassait pas» de l'un de ses farouches opposants, à savoir Mouadh Bouchareb, comme vice-président de l'APN.