A près avoir semé le trouble au sein de son parti, Amar Saadani bloque l'APN. Cela fait, en effet, plus d'un mois que le bureau de la Chambre basse du Parlement ne s'est pas réuni. La cause ? Le secrétaire général du FLN enjoint au président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, de démettre de son poste de vice-président, Maâd Bouchareb. Ce dernier a déjà été exclu des rangs du groupe parlementaire du FLN à cause de son activisme contre le secrétaire général de son parti. Le président de l'Assemblée populaire nationale ne sait donc pas quoi faire. Entre les injonctions de Saadani, chef de son parti, et la légitimité de Bouchareb – il est élu au même titre que Ould Khelifa lui-même – le troisième personnage de l'Etat ne sait pas à quel saint se vouer. Prétextant des missions officielles pour le compte du chef de l'Etat, il diffère à chaque fois la tenue de la réunion du bureau de l'APN. Lors de la dernière rencontre tenue le 4 décembre, Mohamed Larbi Ould Khelifa avait demandé «gentiment» à Maâd Bouchareb de «quitter la réunion» parce qu'il «y a un problème». Par «problème», le président de l'APN faisait référence au conflit qui oppose son vice-président au secrétaire général du FLN. Bouchareb avait quitté la réunion pour «ne pas perturber les travaux», témoigne-t-il, d'un ton calme. Lutte entre la politique et la loi En réalité, rappelle Maâd Bouchareb, «les vice-présidents sont élus, pour une année, certes, mais dans les mêmes conditions que le président de l'Assemblée lui-même». Autrement dit, seule l'urne peut démettre de ses fonctions un des neufs suppléants du président de l'APN. Ce dernier peut tout de même demander une «dérogation» au Conseil constitutionnel. Mais il ne l'a toujours pas fait et le temps urge puisque dans quelques semaines, les députés devront partir en congé, ce sera la clôture de la session d'automne du Parlement. A cela, il faut ajouter que des lois restent à examiner dans les prochains jours. «Au plus tard, le président doit réunir le bureau au début de la semaine prochaine», prédit Bouchareb. Comment se comportera le président ? «J'assisterai à la réunion quoiqu'il arrive. Et même si je ne suis pas convoqué, j'y entrerai. Il n'a aucun droit de me l'interdire», prévient le député de Sétif. Le conflit autour du siège de vice-président de l'APN remonte à la fin de l'été dernier. Acculé par des protestations à répétition, Amar Saadani décide de sanctionner les militants les plus actifs. Parmi eux, deux députés. Maâd Bouchareb, élu de Sétif, et Zohra Fodil, élue de Béchar, sont radiés du groupe parlementaire du FLN sur décision écrite du secrétaire général. Sauf que le député de Sétif est vice-président, élu par ses pairs. Saadani, qui veut installer un de ses hommes, s'acharne alors sur le jeune parlementaire jusqu'à vouloir le dessaisir de ses fonctions de vice-président. Le concerné, conforté par sa légitimité, résiste. Des parlementaires témoignent que c'est la première fois qu'un chef de parti s'ingère de manière aussi directe dans les affaires de la Chambre basse du Parlement. Du côté des partisans de Saadani, on se contente de rappeler que ce dernier est «secrétaire général», donc disposant d'une autorité sur le groupe parlementaire.Ali Boukhlef