Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), instance supérieure visant à réguler le monde de la télévision et la radio en France, a officialisé le 5 mai dernier sa décision d'intervenir auprès de France 2 à la suite d'un reportage, programmé le 13 janvier 2015, consacré aux actes antimusulmans commis depuis les attentats terroristes survenus en France début janvier. La chaîne avait diffusé dans l'émission «Des paroles et des actes» les propos d'une personne de confession musulmane victime de malveillance en raison de sa religion. Dans l'annonce du sujet, le présentateur, David Pujadas, pourtant homme d'expérience, avait fait référence à «un musulman marié à une Française», confondant, au péril de la loi, la religion du témoin et sa nationalité, essentialisant l'épouse par sa seule nationalité. Il voulait dire un musulman marié à une catholique. Une intervenante dans l'émission avait immédiatement relevé l'incongruité de cette maladresse que le journaliste vedette du 20 heures avait regrettée. Cet amalgame ne pouvait pas passer, surtout dans les temps de tension actuels. Dans son attendu que le CSA publie sur son site internet, l'instance «considère que cette présentation, faite d'une manière qui pouvait sembler dénier sa nationalité française à l'intervenant, contrevient aux dispositions de l'article 36 du cahier des missions et des charges de France Télévision relatifs à la lutte contre les discriminations et est de nature à nuire aux efforts substantiels déployés par la société pour promouvoir les valeurs partagées au sein de la communauté nationale». Le CSA a ainsi demandé à France Télévisions de «veiller tout particulièrement à la nécessité de ne pas véhiculer de préjugés ou d'amalgames» et lui a rappelé «l'exemplarité dont elle doit faire preuve dans la lutte contre les discriminations». Parmi les missions que la loi lui confère, le CSA doit veiller à la «rigueur dans le traitement de l'information» et le «respect de la dignité de la personne humaine».