Le Darfour se trouve au sud-ouest du Soudan : 5 à 6 millions de personnes y vivent. La région a un très faible niveau de développement : seulement un tiers des filles (pour 44,5 % des garçons) vont à l'école primaire. La découverte du pétrole dans cette région a aussi suscité les convoitises. Trois tribus principales sont installées au Darfour : les Four (qui a donné son nom au Darfour), les Masalit et les Zaghawa. Jusqu'à présent, le passage des chameliers arabes dans le Sud était demeuré sans incidents. Le Soudan sort à peine d'un conflit qui a duré une vingtaine d'années (depuis 1983) entre les rebelles du Sud et le gouvernement soudanais. Ce conflit a fait près de 2 millions de morts. En 2003, l'opposition au président soudanais Omar Al Béchir fait entendre sa voix. En représailles, Khartoum laisse agir les milices arabes (les Djandjawids) dans tout le Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Choukratalla, ancien officier de l'armée soudanaise, est le « chef des Djandjawids ». Les populations sont victimes de bandes armées que le gouvernement de Khartoum semble laisser faire. Humanitaires et diplomates accusent le gouvernement d'avoir armé et payé les Djandjawids. Le cessez-le-feu décrété en avril 2004 ne tient pas. En juillet 2004, lors de la venue à Khartoum du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, les autorités soudanaises se sont engagées à désarmer les milices djandjawides. Les Nations unies estiment depuis que peu de progrès avaient été enregistrés. « Je regrette de devoir dire que des attaques de milices djandjawides continuent d'avoir lieu », déplorait le 21 juillet 2004, Kofi Annan. Le 23 juillet 2004, l'ONU estime à 30 000 le nombre de personnes tuées en quinze mois et, plus d'un million ont été déplacées par les combats. Près de 200 000 se sont massées dans des camps aux conditions de vie précaires de l'autre côté de la frontière tchadienne. Des discussions avec les milices ont été engagées à partir du 23 août 2004, organisées par l'Union africaine. Elles ont pour but de désarmer les milices et de garantir la sécurité des populations locales. Le 18 septembre 2004, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution sur le Darfour (résolution 1564). Le texte menace le Soudan de sanctions pétrolières s'il ne remplit pas l'engagement de restaurer la sécurité au Darfour et ne coopère pas dans ce but avec l'Union africaine (l'UA). Le ministre des Affaires étrangères soudanais, Moustafa Osmane Ismaïl, a fait savoir qu'il rejetait ce nouveau projet de résolution. A la fin du mois de janvier 2005, un bombardement a fait une centaine de morts et de blessés à Changil Tobaya au nord du Darfour. L'ONU a rendu responsable l'armée de l'air soudanaise. Le 31 janvier 2005, la commission d'enquête internationale sur le Soudan de l'ONU publie un rapport qui conclut que les exactions perpétrées au Darfour constituent bien « des crimes contre l'humanité ». Le 31 mars 2005, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 1593 sur la question du Darfour. Elle renvoie la situation à la Cour pénale internationale pour que celle-ci engage des poursuites à l'encontre des responsables des crimes commis. Le 15 mars 2006, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU au Soudan, Jan Pronk, déclare que la situation au Darfour « est sombre alors que des combats ont lieu tous les jours ». Le 28 mars 2006, le Mouvement-armée de libération du Soudan (MLS), principal groupe rebelle au Darfour, appelle les dirigeants présents au sommet de la Ligue arabe, qui s'ouvre ce même jour à Khartoum, à « adopter une position claire concernant la crise au Darfour, en conformité avec le droit international » et à faire pression sur le gouvernement soudanais pour qu'il accepte le déploiement d'une force internationale de maintien de la paix au Darfour. Le 5 mai 2006, l'Armée de libération du Soudan, principal mouvement de la rébellion, annonce accepter l'accord de paix proposé par l'Union africaine. Le 1er septembre 2006. Le Conseil de sécurité adopte la résolution 1706 pour prendre la relève de l'Union africaine. Le gouvernement soudanais rejette la proposition.