L'Afrique détient et depuis longtemps déjà, un record qu'aucune partie au monde n'osera lui envier. Celui de cumuler sur son sol le plus grand nombre de conflits. Mais aussi toute la palette de conflits connue. Cela va de la colonisation aux guerres intérieures. Tout y est avec aussi des millions de personnes déplacées et parfois utilisées comme otages. C'est dans un tel contexte et sans que cela le rende complexe que s'inscrit le conflit du Darfour appréhendé sous l'angle de génocide par les uns, ou de persécutions – avec des centaines de milliers de morts – de populations, tout cela dans des conditions qui font du Soudan un maillon faible de l'Afrique, ou encore, une zone de très forte convoitise. C'est ce qui se disait déjà avec le conflit du Sud-Soudan en voie de règlement, mais avec un faisceau d'acteurs ou de simples agents jamais enregistré auparavant. Trop d'intérêts en raison, disait-on, de l'emplacement du Soudan à la confluence des sources du Nil, et aux abords de la mer Rouge, une région particulièrement sensible. Depuis le milieu de la décennie, la découverte de pétrole a accru cet intérêt, mais le Soudan est virtuellement morcelé puisque les populations du sud doivent s'exprimer par référendum sur leur avenir dans l'ensemble soudanais. Et depuis quelques jours, la crainte d'une escalade au Darfour et dans sa région, s'est vérifiée avec des combats soudano-tchadiens qui ne sont pas les premiers si l'on devait tenir compte des accusations des uns et des autres. Khartoum et N'Djamena se sont mutuellement accusés de la responsabilité de ces combats, le Soudan disant avoir repoussé une attaque de l'armée du Tchad sur son territoire et ce dernier pays affirmant y avoir poursuivi des rebelles. Le bilan semble être lourd. Malgré les efforts de la diplomatie internationale, Khartoum et N'Djamena refusent le déploiement à leur frontière d'une force militaire de l'ONU. Le même jour, le Soudan discutait à Addis-Abeba avec l'ONU et l'UA la mise en œuvre du plan Annan : un soutien en trois phases à l'Amis. Le commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, le diplomate algérien Saïd Djinnit, a annoncé à l'issue de la première journée de discussions que le Soudan avait donné son accord à la deuxième phase. Le Soudan dit qu'il ne peut pas accepter, avec la troisième phase, que le commandement de l'Amis échappe, avec une arrivée massive de Casques bleus, à l'UA et que ce serait dans ce cas une intervention occidentale déguisée au Darfour, où la guerre et ses conséquences ont fait 200 000 morts et deux millions de déplacés, selon des organisations internationales, ce que conteste Khartoum. Pendant ce temps, des milliers de personnes vivent une situation rendue inhumaine par les massacres et autres formes de crimes et de persécutions. Khartoum, même s'il dément régulièrement, est au moins accusé de laxisme.