La main lourde de la wilaya a sévi : des jeunes, qui ont hué Abdelkader Zoukh lors de sa visite des plages de l'ouest algérois, ont été interpellés et poursuivis pour destruction de biens publics. Le tribunal de Chéraga a examiné l'affaire. En visite dans la partie ouest du littoral algérois il y a plus d'une semaine, M. Zoukh a été en effet rudement interpellé par des jeunes qui ont dénoncé une «hogra» de la wilaya, suite à la décision d'interdir les concessions de fait et de confier la gestion des plages aux EPIC. Piqué au vif, M. Zoukh a instruit l'officier de gendarmerie qui l'accompagnait de déposer une plainte en bonne et due forme contre ces jeunes pour destruction de biens publics. «Présentez-les devant le procureur de la République de Chéraga pour destruction !» a exigé le wali. La menace a été mise à exécution juste après le départ de la délégation. A quelques jours de l'ouverture de la saison estivale, l'administration de la wilaya semble décidée à reprendre la main sur des plages qui ont été longtemps squattées par des jeunes qui imposaient leur loi à de paisibles familles. 16 plages sur les 70 ouvertes à la baignade seront gérées par l' Office des parcs, des sports et loisirs d'Alger (OPLA) (Kheloufi 1 et 2, Plage familiale à Zéralda, Sirène 1 à Bordj El Kiffan, Tamentfoust Est à El Marsa, Decca Plage, Surcouf et Tamaris à Aïn Taya, El Kadous et Tarfaya à Heuraoua et Réghaïa), et par la Régie foncière de la ville d'Alger (RFVA) (Azur Plage, Sidi Fredj Est, Méditerranée et Djemila, El Bahdja (Aïn Benian). Les directeurs des EPIC (une quinzaine) ont été instruits pour réoccuper les lieux par l'installation des équipements (buvettes, douches, sanisettes, tables, parasols, etc.). Les familles n'auront plus à louer les parasols et autres accessoires. «L'accès à la plage et l'utilisation des équipements (toilettes, douches, vestiaires et parasols) sont gratuits, conformément à une instruction du ministère de l'Intérieur. Seuls les parkings sont payants (50 DA)», a précisé le wali. Des gardes communaux sur les plages La mesure annoncée par la wilaya pour interdire la concession sur des plages confiées aux EPIC a fait réagir des internautes, qui s'étonnent que l'administration décide d'installer des chaises et des tables sur des plages. «Le touriste souhaitant vivre à la plage, sans tables ni chaises, (…) quel est le décideur qui n'est pas encore sorti de sa ruralité qui a imposé cette habitude sur nos plages ? où a-t-il vu cela si ce n'est dans son douar ?», écrit sur le forum d'El Watan un lecteur. Mais, au-delà de cet aspect lié à l'«esthétique» des lieux, c'est la pérennité de la mesure qui fait réagir. Le président de la commission Tourisme de la wilaya de l'APW d'Alger, Madjid Lamdani, qui a mené la fronde l'année dernière pour dénoncer le business des plages, souhaite que l'opération soit maintenue durant les trois mois de la saison estivale (juin-septembre). «Ce dispositif est important, à condition qu'il reste opérationnel durant toute la saison estivale, du 1er juin au 30 septembre 2015», relève-t-il. Pour faire face aux problèmes sécuritaires que pourraient rencontrer les estivants, la wilaya a décidé de redéployer les gardes communaux dans une dizaine de plages parmi les plus importantes. «Les éléments de la garde communale participeront à l'opération de sécurisation et d'accompagnement des entreprises de wilaya à travers 9 plages», a annoncé M. Zoukh, qui a exigé des éléments de ce corps de travailler en coordination avec les services de la gendarmerie et de la police, également présents sur les lieux. Selon des familles rencontrées, la wilaya ne devrait pas céder face au chantage exercé par ces jeunes, qui ont trouvé là une manière de se faire un argent fou sur le dos des paisibles estivants.