La toison de laine du bélier qui avait la cote et valait, autrefois, son pesant d'or ne trouve plus preneur en dépit des prix très attractifs proposés par les éleveurs sur le marchés locaux. Avec une production annuelle de plus de 5.000 tonnes de laine à l'état brut, les éleveurs ne savent plus à quel saint se vouer pour écouler un produit proposé, cette saison, à 1.000 DA le quintal. Autrefois, ce produit était très prisé, ce qui leur assurait un apport financier très confortable. Avec ses hauts et ses bas, la saison de la tonte du mouton bat quand même son plein tout en engendrant dans son sillage, cette fois-ci, des dépenses incalculables. «Soit nous dit-on, pour la main d'œuvre locale, 100 DA pour la tonte d'un seul individu avec en prime le gite et le couvert pour l'ouvrier qualifié qui n'a qu'une paire de ciseaux entre les mains». Rares sont les clients qui viennent de l'Est du pays s'approvisionner en laine épaisse de mouton, elle-même, une fois lavée de toutes ses impuretés, soigneusement tissée et conditionnée par bottes d'un quintal chacune, s'envole pour d'autres cieux comme la Tunisie ou l'Italie où elle est réservée à la literie, les couvertures et autres vêtements haut de gamme pour une clientèle aux portes-monnaies bien garnis. Le prix de laine périclite et chute dangereusement et rien ne permet de dire que ce produit qui s'arrachait à prix d'or autrefois, à plus de 2000 DA le quintal, puisse un jour remonter la pente. Plus futés et mieux avertis, certains acquéreurs attendent la fin de la saison, soit le début de l'automne pour rafler toute la production de laine à des prix presque dérisoires. Le manque de manufactures ou d'ateliers de fabrication de tapis et couvertures et, plus particulièrement, de tisserands qui étaient les seuls à s'approvisionner en laine traitée et filée, ne fait qu'aggraver la situation très inquiétante que vivent les éleveurs cette année. Reste cependant l'usage individuel de la laine répondant à des besoins domestiques, le rembourrage des matelas qui composent le trousseau des futures mariées, seul créneau qui puisse enfin consoler ces éleveurs dont la plupart, échaudés par une année de disette, sont presque au bout du rouleau. Dire que les jeunes candidats à l'ANSEJ puissent s'investir dans ce créneau encore vierge serait un leurre et l'on n'a vu aucun d'eux franchir le seuil pour se lancer dans le conditionnement de laine ou la création d'une manufacture de laine. Parler d'investisseurs sérieux dans cette branche, c'est aller vite en besogne. A l'inverse de celle du chameau qui connait ses heures de gloire par la confection de djellabas et de bournous en «Oubar» proposés à plus de 10.000 DA l'unité, la laine de mouton et moins encore celle de caprins, est vouée à un triste destin pourtant elle ne cesse de faire le bonheur des grandes unités industrielles du textile dans le vieux continent.