La contrefaçon se modernise et déjoue même les pièges des hautes autorités du monde. Pouvoirs publics, organisations internationales, associations ne cessent de tirer la sonnette d'alarme. Ce phénomène fait subir des dommages financiers importants aux détenteurs de droits (marques, brevets, etc.). Il finance le crime organisé et contribue à la perte d'emplois dans l'industrie légale. Isabelle Augsburger-Bucheli, doyenne de l'Institut de lutte contre la criminalité économique (ILCE) de la HEG Arc, a déclaré dans une interview : «On a longtemps pensé que la contrefaçon frappait essentiellement l'industrie du luxe et que le fait d'être copié était en quelque sorte la rançon du succès. Peu à peu, les milieux privés et les autorités ont pris conscience qu'elle touchait tous les domaines de l'économie, qu'elle coûtait extrêmement cher (entre 200 et 360 milliards de dollars, soit 5 à 7% du commerce international) et qu'elle pouvait parfois mettre en danger la sécurité et la santé des consommateurs, allant jusqu'à provoquer des décès.» En achetant des produits contrefaits (une fausse montre, un faux sac, un faux parfum, un faux médicament...), on alimente ce marché parallèle et illégal. Dans ce contexte, cette thématique sera au centre des débats de la deuxième journée annuelle sur la marque et la contrefaçon, qu'organise RH. International Communication à l'hôtel El Aurassi (Alger) les 1er et 2 juin sous le patronage des ministres de l'Industrie et des Mines et celui du Commerce. Aucun pays n'en est épargné, mais surtout aucun secteur : tout ce qui peut être produit peut être contrefait, des gammes de produits toujours plus diversifiés, appareils domestiques, pièces détachées dans le domaine de l'automobile, les jouets, les cigarettes, les vêtements et cosmétiques et les médicaments pouvant toucher à la sécurité et à la santé des consommateurs. Dans le cas des cosmétiques et de la parfumerie, les produits contrefaits, estampillés aux marques internationales, sont principalement vendus sur la voie publique à des prix défiant toute concurrence. De plus, indétectables par le simple consommateur, ils reproduisent à l'identique le packaging, le numéro de code barre, le numéro de référence et de certification du produit original à un tarif très inférieur au produit initial. La direction des Douanes avait indiqué en 2014 que «pour les seuls dix premiers mois de l'année 2013, les services des Douanes ont saisi environ 376 642 produits contrefaits contre 781 000 produits en 2012. Pas moins de 7 millions d'articles ont été saisis au cours des sept dernières années (pièces détachées, appareils électroménagers, cosmétiques, robinetterie à gaz, cigarettes)».