Le directeur général des douanes, M. Mohamed Abdou Bouderbala, a indiqué, hier, que «60% des produits importés par l'Algérie destinés à la revente en l'état sont contrefaits», en affirmant que le phénomène de la contrefaçon a pris des proportions alarmantes. M. Bouderbala s'est dit inquiet des «proportions énormes» qu'a pris ce délit économique en Algérie et qui ne cesse de se prendre de l'ampleur. Les services des douanes se sont fondés, pour aboutir à cette estimation, sur le calcul du taux des articles contrefaits saisis par rapport au volume global des produits importés pour la revente chaque année. Le même responsable a avancé des chiffres alarmants qui varient entre 2 et 3 millions de produits contrefaits saisis annuellement par les services douaniers chargés de la lutte contre la fraude. La contrefaçon touche pratiquement la majorité des produits importés par l'Algérie, notamment, les produits cosmétiques, les pièces détachées, les appareils électroménagers, les robinetteries à gaz, les cigarettes et autant d'autres produits qui sont importés massivement chaque année. «Les services de lutte contre la fraude viennent de procéder à la destruction d'importantes quantités de cigarettes contrefaites et la saisie d'une cargaison de tendeurs à gaz imités», précise M. Bouderbala. Plus grave encore, le responsable des douanes a mis en garde contre l'étendue de la contrefaçon jusqu'aux médicaments touchant ainsi directement la santé des personnes. Il a expliqué que «ces importateurs véreux importent dans une première étape le vrai médicament pour obtenir l'autorisation d'importation du ministère de la Santé, qu'ils utilisent ensuite pour importer des médicaments contrefaits». Plus loin encore, il a révélé que «presque la totalité des cosmétiques importés sont contrefaits et que tous les appareils de téléphonie mobile qui ne sont pas agréés par l'autorité de régulation (ARPT) sont aussi de faux produits». Selon le premier responsable des douanes, ce phénomène crée non seulement une saignée de devises vers l'étranger des produits contrefaits, mais affecte aussi la sécurité et la santé des citoyens. Il reconnaît, par ailleurs, le manque de moyens nécessaires d'expertise, tels que les laboratoires de contrôle au niveau des frontières. «Le nombre de 280 agents douaniers, formés sur plusieurs marques de produits pour intercepter les articles contrefaits, reste insuffisant pour intensifier la lutte contre ces fraudeurs», a-t-il déploré. Il recommande aux propriétaires de marques, aux associations de protection des consommateurs ainsi qu'aux services des douanes ou du commerce de réagir, mais efficacement, chacun à son niveau pour mettre fin à ce trafic. M. Bouderbala a fait savoir que les douanes envisagent à ce propos de «durcir la législation en matière de lutte contre la contrefaçon». Selon lui, les produits contrefaits entrant sur le territoire national proviennent des pays asiatiques (Chine, Emirats arabes unis, Corée du Sud...). S'y ajoutent, mais dans une moindre mesure, des pays comme la France, l'Allemagne, la Turquie et l'Egypte.