Vice-présidente du FCE, Mme Nacira Haddad (aucun lien de parenté avec le président de l'organisation patronale de même nom) est chargée de l'entrepreneuriat et de la formation. Elle dirige un bureau d'études spécialisé dans les réformes économiques à Alger. Vous préconisez l'institution de quotas en matière de création d'entreprises pour promouvoir l'activité économique des femmes. Pourquoi pas le salariat ? Les quotas nous ont réussi dans la représentation politique. Des quotas dans les dispositifs de création d'entreprises contribueront positivement à l'insertion économique des femmes. Le salariat n'est plus l'unique réponse à l'employabilité des diplômés, c'est une donnée universelle. Il existe des dispositifs publics favorisant la création d'emplois, le problème, c'est leur gouvernance, leur lisibilité et leur visibilité. Les dispositifs ne sont pas discriminants par la loi, mais par la pratique. Que faut-il faire pour lever cet écueil Il faut mettre plus d'intelligibilité dans les dispositifs publics, les rendre accessibles par une approche de proximité et par une simplification. Les femmes ont besoin d'une approche de proximité.
De quelle manière ? Par la vulgarisation des dispositifs de création d'entreprises, la sensibilisation et l'encouragement à l'entrepreneuriat. Le label du Forum est un plus. En procédant à des plaidoyers auprès des pouvoirs publics pour l'accès au foncier, au crédit. Quel bilan tirez-vous de l'utilisation de ces dispositifs par les femmes ? Plus de 43% de créations d'entreprises ont pour cadre le milieu rural. Les femmes s'investissent dans l'agriculture. Elles sont de plus en plus nombreuses à diriger des exploitations agricoles, alors que les hommes émigrent vers les villes. 8% des projets de l'ANJEM (Agence nationale du micro-crédit) sont portés par des femmes. Longtemps les femmes ont été dans les activités de services, elles percent dans le monde industriel, dans l'économie verte, dans les nouvelles technologies. Le mouvement est en marche, il faut l'accompagner. Et c'est le rôle que s'est assigné le FCE. C'est maintenant que les politiques publiques commencent à donner leurs fruits. Les femmes représentent plus de 10% de la communauté des affaires en 2014, contre 6% en 2012 et 3% en 2004. Le poids des mentalités a été longtemps un frein à l'insertion socio-économique. Aujourd'hui, la femme s'est imposée de fait. L'autonomie financière permet à la femme le pouvoir de décision, c'est une donnée mondiale avérée. On devrait améliorer l'ancrage de la culture entrepreneuriale très tôt dans le cursus de formation, prévoir des formations spécialisées, ce qui contribuerait à lever beaucoup d'obstacles. Quels sont les profils des femmes qui entreprennent ? Les profils sont très diversifiés, des femmes médecins, ingénieurs, artisanes, femmes au foyer… Aujourd'hui, tout est permis. La gouvernance de proximité, la formation et l'information sont les clés de la réussite. Il faut aussi encourager des femmes à créer des activités pour des femmes. Un cybercafé dans un douar tenu par une femme facilitera sa fréquentation par d'autres femmes. Produire algérien. Est-ce une opportunité pour les femmes ? C'est effectivement une occasion pour les femmes de valoriser leurs savoir-faire.