« Si la science et la conscience sont nos réceptacles, l'intrigante politique sème en nos cœurs la débâcle. » Il existe encore des gens ayant perdu tout sens de discernement, aveuglés par des considérations pour le moins douteuses, qui s'activent généreusement à déstabiliser ce que je considère comme le seul dépositaire des valeurs révolutionnaires, historiques et républicaines de l'Algérie. Que veut-on faire de ce glorieux et grand parti ? Je voudrais mettre en garde, et l'Histoire en est comptable, M. Yennoune, qui apparaît, aux yeux de l'ancien cadre du FLN que je suis, que les « forces » qui le poussent à de telles extrémités, en l'occurrence à la dissidence, ne veulent ni son bien ni celui du parti. M. Belkhadem, que vous méjugiez, est parmi, comme les désigne Paul Valéry, les rares esprits encore libres de douter de ce qui est douteux, et de conduire le parti avec clairvoyance et sagesse, ce qui a la faculté de déranger les « nageurs en eaux troubles ». Vous êtes, peut-être, nouveau partisan, la tradition du parti veut que l'on soit respectueux de nos aînés grâce auxquels le bateau FLN a traversé des houles et des tempêtes sans échouer. Cette gesticulation « don quichottique », largement médiatisée à dessein, ne vous mènera que vers le néant idéologique et philosophique. Les arrivistes et les opportunistes de tous bords voudraient, sur instigation d'esprits occultes, « naufrager » le FLN. Vos propos désobligeants envers un partisan, qui a supporté tout le poids de la période et la menace existentielle la plus sérieuse de l'histoire du FLN, dénote l'instrumentalisation pure et simple et, en filigrane, une fidélité douteuse à la tradition, aux principes et à l'idéologie du parti. Le parti n'est et ne sera jamais le théâtre de la confrontation des hommes, mais un espace d'émulation d'idées résolument orientées vers les défis et les menaces, sur fond de mondialisation, qui pèsent sur notre pays. L'évolution des structures et l'émancipation des idées ne relèvent nullement des intérêts conjoncturels d'une personne ou d'un groupe de personnes, mais d'une stratégie et d'une vision « systématique » adéquates propres à préserver les acquis révolutionnaires et envisager un avenir serein. Par cette gesticulation irraisonnée, vous me donnez l'impression de vouloir, sans vous en rendre compte, l'extinction et la fin de course d'un organe déterminant et incontournable dans l'espace politique algérien. Si M. Belkhadem a délibérément reculé les échéances de la tenue du congrès, sauf si votre intérêt personnel diverge avec ceux du parti, ne doit en aucun cas constituer pour vous, l'intellectuel, de sérieux désagréments, M. Belkhadem a certainement ses raisons que vous n'arrivez pas à déceler. Le pire pour un parti de quelque bord qu'il soit est de jeter à la rue ses crises et ses dissonances, c'est la meilleure manière de sonner le glas de la confiance des militants et même des potentiels sympathisants. Le parti est actuellement entre les mains d'âmes généreuses faites d'abnégation et mues par des sentiments hautement nationalistes indéniables, croyez-en mon expérience, évitez et conseillez à vos pairs, notamment à M. Tou, de ne point vous perdre en conjectures, en intrigues et en discours vaseux et infructueux, suivez la voix de la raison et quittez le lit de la discorde au bénéfice de la politique réelle de construction nationale. Les préoccupations qui vous animent semblent diamétralement opposées aux attentes de nos militants qui aspirent à une structure à la hauteur de leurs choix et que le fait de vous adresser au président de la République, pour une éventuelle intervention d'arbitrage, dénote votre ignorance et votre noviciat dans la politique : on n'interpelle pas un président de la République, président de tous les Algériens, affranchi de toute attache partisane de surcroît, dans le conflit interne d'un parti. La cause et l'idéologie de notre parti doivent être maintenues au-dessus de toutes les considérations conflictuelles et ne doivent souffrir aucune manipulation traîtresse et faire le jeu des forces de l'ombre qui guettent la moindre occasion pour fragiliser le FLN. M. Belkhadem a tout notre soutien et nous unifions nos efforts pour consolider l'intégrité structurelle et idéologique de notre grand parti. Ne considérez nullement cette réaction et cette intervention comme une attaque personnelle, mais comme un cri de détresse sorti des profondeurs d'une âme vouée et dévouée à notre sublime cause commune et qu'incarne le FLN. Quel enfant, aussi sage soit-il, resterait impassible quand sa mère est menacée dans son existence ?