L'Âne d'or d'Apulée de Madaure est certes une œuvre pionnière du genre romanesque, mais ce texte s'inscrit dans une tradition littéraire gréco-latine. Une de ses particularités notables est de dépeindre la société de son temps à travers les propriétaires successifs de l'âne (Lucius). Le tout est ponctué d'histoires d'amour, de bagarres et de sortilèges… Des ingrédients qui font toujours recette chez nos auteurs contemporains. L'œuvre d'Apulée n'a d'ailleurs pas manqué d'inspirer les créateurs à travers les âges. Son influence est manifeste dans Le songe d'une nuit d'été de Shakespeare et Milo Manara en a signé une adaptation bd très «hot»… En Algérie, les artistes commencent également à revenir à ce grand texte de la littérature mondiale. Une adaptation théâtrale de Haroun El Kilani a été représentée au dernier Festival national de théâtre professionnel par la troupe du Théâtre régional de Souk Ahras (ville proche du lieu natal d'Apulée). La dernière métamorphose en date de L'Âne d'or est L'Âne mort de Chawki Amari. Ce roman, paru chez Barzakh en 2014, est un clin d'œil appuyé «pour rendre hommage à celui qui est quand même le père de la littérature algérienne», déclare le romancier et chroniqueur qui partage probablement le même humour corrosif avec l'ancêtre Afulay (nom berbère supposé d'Apulée). Son roman ne reprend pas la trame de L'Âne d'or à proprement parler, mais des éléments du texte antique sont disséminés dans cette satire de l'Algérie contemporaine : «J'ai gardé les roses, l'âne, la métaphore sur l'animal, mi-homme, mi-bête et les 11 chapitres ainsi divisés par Apulée. C'est tout, je crois, mais on peut trouver encore des liens entre les livres, les montagnes berbères, l'amante, la magie, le rôle de l'homme... En cherchant bien, on peut même trouver le numéro de téléphone d'Apulée, il est écrit en crypté et à l'envers dans le quatrième chapitre mais il ne faut le dire à personne. Bien sûr, c'est un livre et chacun a le droit d'y trouver toutes les interprétations possibles, c'est l'avantage de la littérature par rapport au football : un match n'est jamais fini et le public peut encore marquer des buts pendant que les joueurs prennent leur douche».