Au FLN, les portes du CC sont grandes ouvertes pour des personnalités sans passé. Le nouveau comité central (CC) issu du 10e congrès du FLN compte désormais treize ministres dans ses rangs, dont plusieurs sont loin de pouvoir justifier les dix années de militantisme nécessaires pour intégrer l'instance du parti, comme le stipule l'art 15 du règlement intérieur. Si pour les ministres Messahel, Louh, Kadi, Khaoua, et Hadjar, les militants leur reconnaissent un passé au parti, ce n'est pas le cas pour les autres. Une situation qui a poussé les «nouveaux convertis» au FLN, de faire valoir subitement de vieux liens avec le parti. Ainsi le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, serait «militant depuis 1984», affirme-t-on, sans préciser dans quelle kasma il activait. Le parachutage de Iman-Houda Feraoun, ministre des Postes et Télécommunications, est un autre exemple édifiant. Sur décision du secrétaire général, la benjamine du gouvernement a été propulsée, ces dernières 24 heures, comme membre du CC, sans que le parti puisse justifier de son passé de militante. En réalité, celle que la presse présente comme le «vent de fraîcheur» du gouvernement profite de la politique de «jeunisme» lancée par Amar Saadani. Elle symbolise le vent de «renouvellement et rajeunissement» que le FLN veut dorénavant incarner avec l'accord du président Bouteflika, nouveau président du parti. D'ailleurs, personne ne s'attend à ce que Amar Saadani stoppe l'opération. A la cellule de crise, instance qui regroupe les opposants à la direction actuelle, on rappelle que le secrétaire général a 15 jours pour transmettre la liste définitive des membres du CC au ministère de l'Intérieur. «D'ici là, la liste est ouverte et les arrivées seront encore nombreuses», ironise un cadre du parti. L'arrivée de ministres au CC permet, d'une part, au secrétaire général de satisfaire aux injonctions de membres influents du cercle présidentiel, que Louisa Hanoune, secrétaire général du Parti des travailleurs (PT) qualifie d'«oligarques». C'est ainsi que le comité central du FLN compte des entrepreneurs, mais également, plus surprenant, le président de Mobilis, le conseiller du Président, Benamar Zerhouni, le secrétaire général de la présidence de la République, Okbi Hebba Okbi, et l'ambassadeur d'Algérie à Tunis, Abdelkader Hadjar. Elle permet, d'autre part, pour celui qui rêve d'être un faiseur de rois, de contourner le blocage de sa principale revendication. Amar Saadani veut que le parti majoritaire à l'APN puisse nommer le gouvernement. Une proposition qu'il verrait bien introduite dans la prochaine révision de la Constitution. Problème : faute de consensus au sein du pouvoir, la révision est gelée.