Le secrétaire général du FLN L'absence de Abdelmalek Sellal de la liste des membres du CC n'est manifestement pas passée inaperçue. Durant toute la journée d'hier, les alentours de la Coupole du complexe sportif Mohamed-Boudiaf où s'est tenu, ces trois derniers jours, le congrès du FLN, grouillaient de militants visiblement heureux d'avoir réussi leurs assises. Un rendez-vous déterminant et un témoignage de grande cohésion du pouvoir qui a dépêché une grande partie du gouvernement pour assister à la fin des travaux, confirmant le statut de première force politique du pays. Une solidarité ouvertement exprimée à Amar Saâdani qui sort renforcé de ce Xe congrès. Dans son discours de clôture, il a rendu hommage à Abdelmalek Sellal lui accordant le statut de militant du FLN. A cette annonce, Saâdani s'est levé et s'est joint aux chauds applaudissements des congressistes. Il convient de souligner que le secrétaire général du vieux parti s'est levé par deux fois, lors de son discours de clôture. Une première fois à l'énoncé du nom du président de la République et la seconde en qualifiant Sellal de militant du FLN. Une réconciliation, après une «petite» brouille consécutive aux déclarations de Saâdani sur le manque d'expérience politique du Premier ministre. A la lecture très attendue de la liste des membres du comité central, les noms de Tahar Hadjar, Abdelmadjid Tebboune, Abdelkader Kadi, ont attiré l'attention des observateurs. Ces trois ministres rejoignent Tayeb Louh, Abdelkader Messahel, déjà membres du la direction du FLN. Mais l'absence de Abdelmalek Sellal de la liste des membres du CC n'est manifestement pas passée inaperçue. La rumeur qui a circulé durant les trois jours du congrès était donc infondée. Il reste néanmoins que malgré cette impression de parti majoritaire au Parlement, mais encore minoritaire au gouvernement avec cinq ministres seulement, le FLN a réussi à faire en sorte à ce que l'épisode du congrès soit une occasion de ressouder toutes les failles qui ont fissuré l'édifice du système, cette dernière année. Visiblement, le pouvoir a misé sur ce congrès et la stabilisation du FLN pour se donner une image d'un bloc uni et solidaire. Cette réussite du congrès du FLN est à peu de chose près comparable à l'autre congrès, celui de l'Ugta, où le pouvoir a montré la même image d'unité et de solidarité. L'autre moment fort de l'énoncé de la liste des cadres est tous ces noms inconnus et surtout féminins. Les jeunes et les femmes étaient aux anges de voir se concrétiser la promesse de leur réserver des sièges au comité central du parti. Mais le vrai tournant du congrès, ce n'est pas tant la féminisation et le rajeunissement du FLN que les prérogatives concédées au secrétaire général. Ainsi, selon les nouveaux statuts adoptés par le congrès, le comité central ne se réunira obligatoirement qu'une seule fois par an. Une seule session annuelle que convoquera le secrétaire général et aucun autre cadre du parti, à l'exception du président. Ainsi, cette instance de direction du parti entre deux congrès est véritablement entre les mains du secrétaire général. La raison invoquée pour expliquer cette disposition statutaire tient dans le désir des cadres du parti d'éviter les épisodes de «redressement», de dissidence et cette tendance à faire appel à la justice pour un oui ou pour un non. De fait, Amar Saâdani contrôle totalement le FLN entre deux sessions de son comité central. Les membres de cette instance devront réunir les deux-tiers des membres pour convoquer un CC extraordinaire, à l'autre exception près de la vacance du poste de secrétaire général, auquel cas, le bureau politique sera présidé par le plus âgé des cadres pour une période de 30 jours, avant l'élection d'un nouveau secrétaire général. On aura compris qu'à travers ces dispositions, Amar Saâdani renforce son contrôle sur le FLN. Il reste que cet instant historique dans l'histoire du vieux parti, outre qu'il confirme le soutien du pouvoir dans toute sa composante à l'actuel secrétaire général, il apporte également une note de fraîcheur au parti. Les chiffres présentés hier au congrès illustrent une volonté de rajeunissement et de féminisation du vieux parti. Il faut dire que l'élargissement du CC de 351 membres à 505 profite prioritairement à la jeunesse et à la gent féminine. Ainsi, sur les 120 mouhafadhas, instruction a été donnée de désigner au CC presque autant d'hommes que de femmes. Il est fait obligation aux 54 anciennes mouhafadhas de déléguer deux hommes pour une femme, alors que les 60 nouvelles mouhafadhas sont tenues par une parité parfaite. Il va de soi que le quota de jeunes et celui des femmes obéit à des calculs plutôt complexes, mais globalement le nombre de femmes tournera autour de 120, de même pour les jeunes. Le CC sera, de fait, à près de 50% composé de jeunes et de femmes. Il y a lieu de relever enfin que les résolutions finales du congrès appellent à l'amendement du code électoral et à l'officialisation de tamazight. Une avancée historique dans le discours du FLN. Cela rend quasi certain l'introduction de tamazghit dans la Constitution à l'occasion de sa révision, annoncée pour la prochaine rentrée sociale.