Sortir de la dépendance aux hydrocarbures et diversifier l'économie nationale est un enjeu vital pour le PDG du groupe Cevital, Issad Rebrab, qui estime que la situation actuelle est intenable à terme. A l'horizon 2025, nous serons plus de 50 millions d'Algériens, nous consommerons plus de gaz, de pétrole et de matières premières exportables et nous auront 10 millions de demandeurs d'emploi en plus à qui il faudra trouver du travail. Il faut donc créer de la richesse et de l'emploi, promouvoir la production nationale et les exportations hors hydrocarbures. Mais pour cela, il faut une volonté politique réelle, mais surtout des actes allant dans le sens de la promotion de l'entreprise et de la production nationale, ceci d'autant qu'aujourd'hui, l'importation est encouragée au détriment de la production nationale. Pour M. Rebrab, qui s'exprimait hier en marge d'une journée parlementaire sur l'investissement, l'Algérie peut relever les défis, peut être l'atelier de l'Europe et dispose de tous les avantages comparatifs pour exporter et être compétitive, pour peu qu'on libère les initiatives. Le patron du groupe Cevital trouve ainsi étrange de demander des autorisations pour tout acte d'investissement, précisant que des dossiers d'investissement du groupe privé dorment dans les tiroirs du département de l'Industrie depuis le mois de novembre. M. Rebrab critique également la politique de concession du foncier aux investisseurs, notamment dans le Sud, estimant que l'Etat alimente pratiquement la spéculation, de même qu'il considère que l'on ne devrait faire aucune distinction entre entreprises publiques et privées lorsqu'il s'agit de promouvoir la production nationale. Enfin, abordant la question des licences d'importation, M. Rebrab nous a confié que dans le contexte actuel, l'Algérie n'a pas le choix pour s'en sortir. Il regrette cependant la manière dont l'ouverture du commerce extérieur a été conduite, au début des années 1990, et précise qu'«on n'a pas assez réfléchi à l'ouverture pour les producteurs au lieu des importateurs». Il craint que ce soit ce même extrémisme qui imprègne les modes de fonctionnement en Algérie, ce qui conduira à une fermeture totale du commerce.