Invité à la conférence nationale sur le commerce extérieur, le patron du groupe privé Cevital, Issad Rebrab, n'y est pas allé par quatre chemins pour évoquer la nécessité de réformes profondes et radicales. Réagissant aux appels en faveur de plus de facilitation aux exportateurs, M. Rebrab a estimé que pour exporter, il faut d'abord produire en quantité et en qualité pour être compétitif. Il considère, cependant, que l'on peut être compétitif à l'échelle d'une entreprise, mais pas au niveau d'un pays. Et c'est tout le nœud du problème pour le patron de Cevital qui a indiqué, tout en exposant les obstacles entravant l'activité des exportateurs algériens, que le groupe dispose de capacités pour l'exportation d'un million de tonnes de sucre, mais n'en vend que la moitié à l'étranger, en raison de la saturation du port de Béjaïa et de l'impossibilité, pour lui, d'y faire accoster ses bateaux à l'export. M. Rebrab a également considéré que si l'on veut aujourd'hui faire passer le pays du stade d'importateur à celui d'exportateur dans plusieurs activités, il faudrait d'abord une «volonté politique !» Or, ce patron semble croire que la démarche actuelle pèche par manque de volonté. Il en veut, pour exemple, les projets que son groupe mature depuis de nombreuses années pour substituer les exportations aux importations dans diverses filières, comme l'agroalimentaire, la pétrochimie, ou encore le projet Cap-2015 et qui attendent toujours l'aval des autorités. Issad Rebrab estime dans ce sens que l'Algérie a les moyens de «diversifier son économie, de créer le plein emploi, de développer ses exportations hors hydrocarbures (…), pour peu que la volonté politique libère et encourage toutes les initiatives créatrices d'emplois et de richesses». A ce sujet, le patron du groupe Cevital développe une vision qui ne s'arrête pas aux urgences à court terme et à la fébrilité induite par la baisse des cours du brut. Il a indiqué qu'il y a urgence, car en 2025, l'Algérie atteindra les 50 millions d'habitants. «Nous consommerons plus de gaz et d'électricité (…), nous aurons 10 millions de nouveaux demandeurs d'emploi», nous risquons, selon lui, d'être en cessation de paiement. Et 2025, c'est demain. C'est pourquoi des «mesures appropriées et immédiates» doivent être prises, conclut-il.