Des manœuvres de déstabilisation ont ciblé ces derniers jours le secteur de l'éducation», a déclaré hier la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, lors d'une conférence de presse animée au siège de son département. «C'est inadmissible», a-t-elle enchaîné. Ces manœuvres se sont traduites, entre autres, par la diffusion de faux sujets du bac, suivie d'une polémique sur une prétendue fraude généralisée. La ministre a catégoriquement démenti une quelconque fuite des sujets. «Il n'y a pas eu de fuite de sujets. Ceux diffusés avant les épreuves sont des faux. Nous avons par contre enregistré des cas de diffusion de vrais sujets du bac sur facebook, mais c'est après leur distribution au niveau des centres d'examen», précise la ministre, qui ajoute qu'«une plainte en justice vient d'être déposée». La conférencière indique que deux individus originaires de wilayas différentes ont été identifiés. «Ce sont les parties responsables de la diffusion de ces faux sujets du bac. Le chef d'un centre d'examen (Mohamed Khodja à Zeralda) a été relevé de ses fonctions pour manquement à la réglementation. En outre, les détenteurs de plusieurs comptes facebook qui sont derrière la transmission des vrais sujets à partir des centres d'examen ont été identifiés», précise Mme Benghebrit qui explique la proportion démesurée prise par la polémique autour de ces agissements par la mauvaise utilisation des nouvelles technologies de communication, à classer dans la cybercriminalité. «Le ministère proposera de nouvelles mesures pour accompagner ce développement technologique», a-t-elle également expliqué. Selon Mme Benghebrit, le département de l'Education a désactivé les connexions ADSL au niveau des centres, mais c'est par la 3G que les sujets ont été diffusés. Le ministère n'a pas introduit de demande pour la coupure du réseau durant les heures d'examen, a-t-elle précisé. Une plainte en justice Pour la première journée d'examen, 61 élèves ont été exclus des épreuves pour manquement à la réglementation : 45 candidats libres et 16 scolarisés ont été refoulés des centres d'examen pour refus de remettre leur téléphone portable conformément à la réglementation et pour d'autres manquements à la législation. La ministre explique que «ces infractions seront classées dans le pénal et toute la société doit peser dans ce débat pour sauver la crédibilité de l'examen et la valeur de l'effort et du travail». Concernant l'erreur contenue dans le sujet de littérature arabe des filières scientifique et technique, la ministre reconnaît que «c'est inadmissible» et écarte l'éventualité que cette erreur soit préméditée. «Il y aura des sanctions», a-t-elle promis, en expliquant qu'une commission d'enquête est diligentée pour situer les niveaux de responsabilité de chaque intervenant dans le processus d'élaboration des sujets. Mme Benghebrit rappelle la nécessité de «réviser le dispositif d'élaboration des sujets du baccalauréat». Comme première mesure, les enseignants et les inspecteurs responsables de cette erreur seront blacklistés. «Cette liste noire nous évitera de les avoir parmi la commission de préparation des sujets à l'avenir», explique encore la conférencière. L'ONEC dans de mauvais draps La ministre est-elle visée ? Mme Benghebrit se contente d'un «peut-être que oui, peut-être que non !» La ministre réaffirme sa détermination à poursuivre son travail pour l'amélioration du secteur de l'éducation. «Cela peut déranger», admet-elle, mais «j'irai jusqu'au bout !» défie-t-elle ses détracteurs. A souligner que M. Messeguem, inspecteur général au ministère de l'Education nationale, qui intervenait hier sur les ondes de la Radio nationale, a souligné, lui aussi, l'impératif d'une révision de l'élaboration du dispositif général de l'Office national des examens et concours (ONEC). Ce responsable a reconnu qu'il est «très lent et bureaucratique» et que c'est au niveau du «contrôle que cela n'a pas fonctionné». «Ce qui veut dire que, quelque part, il y a des failles qu'il faut corriger. L'ONEC fonctionne depuis 20 ans, il a pris de l'âge et ses fonctionnaires ont pris certaines habitudes», a-t-il dit, concluant qu'il s'agit d'«un dossier à réformer dans les plus brefs délais». De son côté, le ministère de la Justice a annoncé, hier, l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les cas de fraude au baccalauréat via les réseaux sociaux. Cette enquête a été ouverte «sur la base des informations rapportées par la presse faisant état de la divulgation de sujets du baccalauréat via les réseaux sociaux (facebook) et des informations, parvenues au procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed, des services de la police judiciaire», explique le département de Tayeb Louh dans un communiqué.