La justice s'autosaisit de l'affaire portant sur des cas de fraude avérés aux épreuves du baccalauréat 2015. Une fraude via la 3 G et le réseau social Facebook. Un scandale de plus dans l'histoire des examens. Une mascarade des plus déplorables à laquelle ne s'attendait certainement pas la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit. Surtout pas de cette ampleur. Le drame est que les candidats postaient les sujets sur Facebook à partir des salles d'examen, et demandaient les réponses aux internautes. Cela s'est produit le premier jour de l'examen et s'est reproduit hier. Et rien ne garantit que les choses vont s'arrêter là, vu la maîtrise parfaite par certains candidats de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication pour «frauder» et le fait qu'ils prennent plaisir à faire cela, provoquant une grande agitation au sein de la société et des pouvoirs publics. Un communiqué parvenu hier à notre rédaction, signé par le Parquet de Sidi M'hamed (Alger), fait état de l'ouverture d'une enquête préliminaire pour identifier les «fraudeurs». Aller à la recherche des auteurs des fuites. «Cette enquête a été ouverte sur la base des informations rapportées par la presse, faisant état de la divulgation de sujets du baccalauréat via les réseaux sociaux (Facebook) et des informations parvenues au procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed des services de la police judiciaire», précise-t-on dans le communiqué. De son côté, le ministère de l'Education n'a pas tardé à réagir. Dans un communiqué transmis à la rédaction le département de Mme Benghebrit note «qu'après la distribution des sujets aux candidats au bac 2015, un exemplaire scanné d'une épreuve a été diffusé ce matin, lundi 8 juin 2015, sur les réseaux sociaux». Aussi, le ministère de l'Education vient-il «officiellement de déposer une plainte contre X pour tentative de fraude», indique le communiqué. Ces nouvelles tentatives de fraude ont été également confirmées, hier, par l'inspecteur général du ministère de l'Education nationale, Medjadi Messeguem, lors de son passage à l'émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne. Le représentant du département de Benghebrit a affirmé toutefois qu'une fouille systématique de tous les candidats n'était pas possible vu justement le nombre des candidats et le temps limité pour l'opération. «Une fouille systématique prendrait du temps pour des centres d'examen dotés de 700 candidats». Aussi, «l'interdiction des téléphones et autres appareils électroniques est plus une mesure dissuasive, que les élèves réussissent à contourner en prenant des dispositions». Medjadi Messeguem reconnaît l'existence de failles dans le dispositif de contrôle, assuré depuis 20 ans par l'Office national des examens et concours (Onec). «C'est au niveau du contrôle que les choses n'ont pas fonctionné. Le dispositif mis en place est très lent et bureaucratique. L'Onec a pris de l'âge et ses fonctionnaires ont pris certaines habitudes. Il est impératif de revoir l'élaboration du dispositif général. C'est un dossier à réformer dans les plus brefs délais». Pour ce qui est de l'erreur signalée dans l'épreuve de littérature arabe, attribuant à Mahmoud Darwiche un poème de Nizar Kabbani, l'inspecteur général du département de Benghebrit a encore confirmé cette erreur, commise «par inadvertance», a-t-il dit, non sans exprimer son étonnement de la survenue même de cette erreur. «C'est une erreur qui a été avérée et qui est inadmissible comme souligné par la ministre. Nous allons enquêter sur cela et s'il s'avère qu'il y a eu une faute professionnelle, nous allons prendre les mesures disciplinaires qui s'imposent», a-t-il affirmé, en soulignant «l'étonnement du ministère qu'une telle erreur ait pu se produire, étant donné que l'élaboration des sujets de baccalauréat dure au moins deux ans et passe par des commissions pluridisciplinaires». K. M.