Les villageois de Djerrah et Aït Oulemou dans la commune d'Ammal au sud de Boumerdès s'opposent à l'implantation d'une carrière privée pour l'extraction du marbre. Cette région aux sites paradisiaques est un lieu hautement symbolique de par son histoire lointaine et récente. Elle est célèbre pour ses hauts faits d'arme durant la guerre de libération, telle que l'embuscade de Djerrah, tendue le 18 mai 1956 par une section de l'ALN conduite par le commandant Ali Khodja. La région regorge de ressources hydriques. Plusieurs sources d'eau naturelles ruissellent continuellement au milieu de la verdure. «Nous devons protéger cette région. C'est notre patrimoine, notre mémoire collective», dira Mohamed Charef, président de l'association Assirem, l'un des signataires d'une pétition contre l'implantation de la nouvelle carrière. Huit mois après le dépôt de la pétition auprès de plusieurs services administratifs de la wilaya, aucune réponse n'a été faite, regrette-t-il. Récemment, des villageois ont renvoyé des techniciens de l'entreprise privée venus pour l'ouverture des pistes pour préparer le démarrage des travaux d'exploitation de la carrière. «Nous les avons empêchés de travailler. On a vu les résultats déplorables des deux autres carrières d'agrégat actives au sud et l'ouest de notre commune. Si la nouvelle carrière démarre ses travaux, ce sera inévitablement la catastrophe pour nous», déplore-t-il. Après l'exode massif des habitants des hauteurs de Ammal suite à la menace terroriste durant la décennie noire, beaucoup d'entre eux ont commencé à regagner leurs terres. Certains villageois ont bénéficié de stages de formation notamment en apiculture et arboriculture. Ils ont obtenu un vaste programme de développement de l'agriculture de montagne. Il s'agit d'une aide de l'Etat pour la plantation de 300 hectares en arbres fruitiers, notamment des cerisiers et pruniers. La région de Djerrah et Ath Oulemou ont bénéficié cette année de quelque 6500 oliviers. Un autre projet a été approuvé par les services agricoles pour le labour de 150 ha afin de planter différents arbres fruitiers. La direction de l'hydraulique s'est impliquée aussi en accordant un budget pour le captage de sources d'eau. Trois fontaines ont été construites, d'une capacité de 30 m³ chacune avec un budget avoisinant les 2,5 millions DA. L'étude d'un projet d'une retenu collinaire d'une capacité de 30 000 m³ a été aussi approuvée par les services de l'hydraulique. Malheureusement, tous ces projets porteurs d'espoir aux populations des montagnes d'Ammal pourraient tomber en désuétude. «Il y a des contradictions au niveau des pouvoirs publics qui, d'un côté subventionnent les agriculteurs et encouragent le retour des habitants dans leurs terres, et de l'autre côté, accordent à un entrepreneur privé l'exploitation d'une carrière qui sapera tous les efforts consentis», déplorent les initiateurs de la pétition. Outre leur opposition à ce projet, les villageois réclament l'aménagement d'une piste 15 km reliant les régions de Doukane jusqu'à Hini Ath Dahmane en passant par Djerrah et Aït Ouellemou, ainsi que l'extension du réseau électrique.