Cette année -au -delà des chiffres officiels et autres préparatifs qu'exposera cet après-midi le directeur de l'Education de Tlemcen, dans une conférence de presse- la rentrée scolaire pour les parents d'élèves des zones déshéritées s'annonce des plus désastreuses. Une visite-éclair dans trois villages frontaliers, confinés au pied de monticules et de collines à l'extrême Ouest du pays, démontre, si besoin est, que la politique de l'éducation nationale n'a pas encore réussi à garantir l'enseignement gratuit à tous les enfants d'Algérie, et pour preuve : dans les bourgades de Bouihi, M'sirda et Saâdnia, des parents d'apprenants, de vaillants travailleurs de la terre, la mort dans l'âme, se disent contraints d'arrêter l'école pour leurs enfants. « De nos jours, on ne peut plus scolariser nos enfants en raison de la cherté des fournitures scolaires et autres habits. Et même les 2 000 DA dont ne bénéficient pas toujours les familles démunies sont ridicules. Et encore, ce n'est pas uniquement cela, malheureusement, comme les écoles, les collèges et les lycées sont à des kilomètres de nos villages, on se retrouve fatalement nez à nez avec le problème du transport. Comment voulez-vous qu'un enfant se lève à cinq heures du matin pour aller courir derrière un fourgon aménagé pour aller étudier ? Le soir, il rentre à la tombée de la nuit, épuisé. A midi, il se contente d'un oeuf et d'un morceau de pain. Ajoutez à cela le risque sur les routes et entre midi et quatorze heures où ils sont livrés à eux-mêmes. » Réalité amère L'amertume est grande chez ces parents qui, devant tant de manques sociales, préfèrent sacrifier, en premier, leurs filles. « A-t-on idée de lâcher dans la nature de jeunes filles ? Moi, je gagne beaucoup en laissant ma progéniture féminine à la maison, au moins je sais qu'elles sont chez moi », explique convaincu un père de famille. C'est l'avis unanime des familles démunies et résidant dans des zones très reculées. Loin des discours pompeux. Approchés, des élus affirment que « cette situation est une réalité amère et même les APC, qui sont aussi démunies que les familles elles-mêmes, n' y peuvent rien. Les habitations sont, en outre, très dispersées car situées en régions montagneuses et posent un véritable problème, même avec un éventuel moyen de transport. Et comme on ne peut pas construire une école pour chaque maison, le constat est là : les parents préfèrent retirer leurs enfants des établissements scolaires à un âge très précoce et à nous tous de méditer sur les conséquences ». Et ce n'est pas étonnant si nous avions croisé sur les routes, de jeunes enfants "jetés" déjà dans la vie active, sans aucune protection sociale, ni l'ombre d'un avenir certain, mais cela est une autre histoire.