Des moudjahidine ont témoigné de ce fait d'armes qui a eu pour théâtre Ibarissen et les hauteurs de l'Akfadou. Dans le cadre de la commémoration du 61e anniversaire du déclenchement de la révolution, un documentaire traitant de la bataille de Tihriqine, qui a eu lieu le 27 octobre 1958, est en réalisation ces jours-ci dans la commune de Tifra. Le premier tour de manivelle de ce documentaire de 52 minutes a été donné au village Tifra en présence de plusieurs Moudjahidine dont quelques-uns ont été des acteurs de l'événement. Lancé par la boîte cinématographique Miche Pro, nouvellement créée, ce documentaire se veut, selon le responsable de la boîte, un plaidoyer pour ce douloureux épisode de la révolution resté dans l'ombre en dépit de son ampleur. Hormis son nom que porte une école primaire de la région et la cérémonie de commémoration du 51e anniversaire de cette bataille organisée par l'APC en 2008 et qui a donné naissance à un reportage réalisé par Mouloud Karbache et produit par les Editions Déclic, c'est quasiment le black-out autour de cet épisode de la guerre d'indépendance. «J'ai fait appel à des moudjahidine encore vivants qui ont participé à la bataille à l'exemple de Sekkouchi Abderrahmane, Arezki Saïdani, Si Cherif, Mazouzi Mohand Laïd, Mouhoubi Hocine.... J'ai interrogé des témoins hommes et femmes de la population civile…. J'ai pris contact avec des ex-officiers de l'ALN pour récolter leurs témoignages sur cet événement et ses retombées sur la région et je continue à recueillir toutes les informations susceptibles d'éclairer davantage cette page de notre histoire» déclare à El Watan le réalisateur qui s'est donné sept mois pour terminer le tournage de ce documentaire fortement attendu dans la région. La bataille en question… Selon des témoignages concordants, trois compagnies de la wilaya III (la 3e compagnie de choc dirigée par Isighid Lahcène dit Lahcène Vouthguenourth, une compagnie de la région 3 et une autre de la région 4), accrochées et assaillies par l'armée coloniale les 24 et 25 octobre 1958 à Ibarissen et sur les hauteurs de l'Akfadou où se trouvaient le colonel Amirouche et quelques 1700 djoundis, se sont repliées vers le village Tifra pour se reposer comme le chante si bien le poème récité encore dans la région. Là, elles se sont retrouvées prises dans les rets de la vaste opération de ratissage déclenchée par l'armée coloniale. Trois divisions, soutient-on, auraient été mobilisées ce jour-là, contre les quelque 450 moudjahidine éparpillés aux environs du village Tifra. Des heures durant, l'artillerie et l'aviation ennemies se relayaient pour neutraliser les combattants de l'ALN. Aux bombardements succédaient de sanglants combats terrestres notamment à Tihriqine où un bon nombre de maquisards avaient été assiégés. La bataille faisait rage. De grandes pertes ont été enregistrées des deux côtés. Et ce n'est qu'à la faveur de la nuit que les survivants ont réussi à passer à travers les mailles de l'ennemi. 87 chahids, des dizaines de blessés, des oliveraies rasées, des exactions multiples sur les villageois à l'issue de la bataille… telles sont les funestes conséquences de cette bataille qui commence peu à peu à être mise en lumière.