Les fidèles à la mémoire, la même poignée d'hommes, amoindrie cette année par quelques disparitions, étaient contents de voir un élu du peuple partager leur émotion. Comme d'habitude, aucune autorité locale n'a daigné prendre part à l'hommage pour le grand homme qu'estMohamed Boudiaf, l'un des révolutionnaires de la première heure pour l'indépendance de l'Algérie et président du Haut Conseil de l'Etat (HCE). Cependant cette clandestinité a été brisée cette année par le Sénateur FLN de Annaba, Bachir Chebli qui, mécontent, a quitté la salle de l'assemblée populaire de wilaya (APW) qui venait d'ouvrir sa session pour se joindre à cette minorité de citoyens qui refusent d'oublier. Une première à Annaba depuis l'assassinat du feu président en 1992. «En oubliant volontairement de commémorer l'assassinat de feu Mohamed Boudiaf on commet un double parricide. Celui de la mémoire et celui de la symbolique de la nation. Personnellement, je refuse que ce grand homme soit oublié. La nation est libérée au prix de lourds sacrifices», a fulminé le sénateur Bachir Chebli. Les fidèles à la mémoire, la même poignée d'hommes, amoindrie cette année par quelques disparitions, étaient contents de voir un élu du peuple partager leur émotion. Tous se sont recueillis au palais de la culture, avant-hier sur le lieu même où il y a 23 années, avait été assassiné le président Mohamed Boudiaf. Pour mémoire,Tayeb El Watani avait été appelé, clandestinement, par ses compagnons de lutte pour sauver l'Algérie des mains de ceux que seuls le pouvoir et l'argent du pouvoir intéressaient. Il était venu pour leur tendre la main et les appeler à la réconciliation. Il était venu avec l'espoir de donner au peuple algérien une réponse définitive à sa célèbre interrogation «Où va l'Algérie ?». Vingt trois années après, les annabis, comme tous les algériens, sont encore là, dans l'attente de la vérité sur les véritables raisons ayant motivé les parrains de Boumaârafi pour commettre cet abominable assassinat. C'est toujours avec cette même interrogation à l'esprit que, lundi, des citoyens se sont recueillis devant la stèle de Mohamed Boudiaf au palais de la culture d'Annaba, baptisé en son nom. Parmi les présents, Me Hchaichia Hmaïda et Me Khaldi, membres fondateurs de la fondation Mohamed Boudiaf qui, en l'absence et l'indifférence des autorités locales, ont tenu à rappeler, pour que nul n'oublie : « Président honnête et intègre, Mohamed Boudiaf a été appelé clandestinement à la rescousse pour sauver l'Algérie en déperdition. Il avait été également assassiné en ce lieu clandestinement. Et aujourd'hui (hier) nous commérerons l'assassinat de ce grand chahid clandestinement, en l'absence des autorités locales.» Qualifié de «poète du feu Mohamed Boudiaf», Salah Chaâbane Chaouch était également au rendez vous pour lire à l'assistance un autre émouvant poème dédié à la mémoire de Mohamed Boudiaf.