Les défenseurs de la faculté centrale d'Alger relancent leur appel pour préserver ce qu'ils qualifient de monument historique. Invitées lundi soir au forum de Liberté, les professeurs Fettouma Chikhi, géologue, ex-responsable des collections du Musée de paléontologie, Nadia Bouguedoura, botaniste, et Zoulikha Bekkadour, moudjahida et ex-responsable de la Bibliothèque universitaire, ont abondé dans le même sens, faisant état de la dégradation continue et inquiétante de ce site historique. Ces membres du collectif Jamiaât Djazaïr, qui a lancé une pétition pour sauvegarder la Fac centrale, mettent en avant le fait que ce site renferme une partie de la mémoire collective, des documents et des collections rares. Elles parlent de pièces géologiques, botaniques, fossiles, livres et documents de grande valeur qui sont menacés de dégradation. Ces trois dames appellent à «une mobilisation de la communauté universitaire pour sauver les lieux et les collections», craignant que cette faculté fondée en 1909 «agonise» dans le silence le plus total. Elles relancent ainsi l'appel à l'endroit des hautes autorités du pays pour sauver ce site et le classer comme monument historique. La pétition lancée au début du mois de juin et signée par plus de 300 enseignants universitaires est toujours maintenue. Ses initiateurs, à savoir le collectif Jamiaât Djazaïr, espèrent que le gouvernement réponde favorablement à leur appel. Dans le texte de la pétition, il est fait état du processus de dégradation de cette faculté historique, fréquentée par des figures qui ont participé grandement à la guerre de Libération nationale. «Les universitaires algériens, toutes générations et toutes spécialités confondues, craignent pour le site dit de la Fac centrale et tiennent à exprimer publiquement leur refus catégorique de se taire devant ce processus d'évacuation graduelle et systématique qui viendrait justifier a posteriori le caractère vide et vacant du site pour l'affecter à d'autres fonctions ou institutions», est-il écrit. Les initiateurs de cette pétition ont également fait état de l'abandon progressif du site «dans toutes ses composantes inestimables avec son bâti, ses fonds documentaires, archives, collections, spécimens et autres pièces uniques et inestimables». Ils appellent l'Etat à annuler tout dessein destiné à détourner et soustraire ce site de ses fonctions et affectations naturelles et traditionnelles tout en demandant qu'il soit réhabilité «dans sa vocation de haut lieu de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique». Dans un plaidoyer, les initiateurs de la pétition ont insisté sur la dimension fortement symbolique de leur action. Ils ont rappelé que les étudiants musulmans algériens se sont organisés au sein de l'Ugema et ont décrété la grève de 1956. La Fac centrale a été fréquentée par les martyrs Mohamed Rachid Amara, Abderrahmane Taleb, Maurice Audin et tous leurs compagnons de lutte qui ont quitté les bancs de l'université pour participer au combat libérateur : Zoulikha Bekaddour, Benyoucef Benkhedda, Mohamed Seddik Benyahia, Hafsa Bisker, Zohra Drif, Pierre Chaulet, Lamine Khène, Malika Mufti et Daniel Timsit, a précisé le collectif Jamiâat Djazaïr. Le professeur Yasmina Chaïd Saoudi a suggéré au forum de Liberté que cette faculté soit transformée en un musée de l'histoire naturelle, vu l'importance de la collection scientifique documentaire, botanique, géologique dont elle dispose. Une proposition qui aurait été bien accueillie par le ministère de la Culture.