Jair Ventura Filho (Jairzinho) est l'entraîneur du Gabon. L'ancien partenaire de Pelé et vainqueur de la Coupe du monde 1970 au Mexique, où il a marqué un but à chaque match, bouclera en octobre la première moitié de son contrat à la tête des Panthères du Gabon. Arrivé à Libreville à la demande du ministre des Sports, Alfred Mabicka Mouyama, le Brésilien a plongé dans l'aventure sans calcul. A la veille de rencontrer l'Algérie, nous l'avons abordé hier à l'hôtel Seybouse au retour d'un entraînement matinal. Affable et courtois, le Brésilien s'est montré à son aise (en français) dans l'entretien suivant. Jairzinho, peut-on connaître les conditions de votre venue au Gabon ? C'est un proche installé en France qui a soufflé mon nom aux responsables du sport au Gabon. Je n'ai pas hésité pour donner mon accord et venir en Afrique poursuivre ma carrière d'entraîneur que j'ai entamée, avec succès en Equateur et poursuivie avec la même réussite au Venezuela et chez moi au Brésil. Dans mon pays, j'ai découvert et lancé Ronaldo lorsqu'il avait 5 ans. Avant de rejoindre le Gabon, j'avais reçu une sollicitation du Cameroun, mais qui ne s'est pas concrétisée. Comment avez-vous trouvé le Gabon ? Je mentirais en disant que tout baigne dans l'huile. Depuis des années, le football gabonais est traversé par une crise qui, je le souhaite, ne sera plus qu'un mauvais souvenir dans quelques jours, plus exactement le 17 septembre, jour où aura lieu l'élection du nouveau président de la Fédération. Cette opération sera conduite par le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, que la FIFA a mandaté pour cela. Pour les observateurs qui suivent un peu l'évolution du football gabonais, ils savent tous qu'il y a un problème entre le ministère des Sports et le président de la fédération qui ralentit l'avancée de notre football. Moi, en tant que technicien, j'évite avec soin de m'impliquer dans cette affaire qui relève des compétences de gens qui ont la responsabilité de la chose sportive et footballistique. Pour en revenir à la situation qui prévaut, j'avoue que parfois je suis désarmé devant cette situation. Nous éprouvons beaucoup de difficultés, par exemple pour réaliser nos programmes de préparation. La dernière fois, j'avais planifié deux rencontres amicales et elles n'ont pas eu lieu. C'est dire combien il m'est difficile de concrétiser mon projet sportif à la tête des Panthères du Gabon. Selon des observateurs locaux, des professionnels ne sont pas chauds pour répondre aux convocations... Il y a un peu de vrai dans ce que vous venez de dire. Par exemple, Daniel Cousin (Lens) refuse toujours de venir jouer avec la sélection malgré mon dernier voyage en France que j'ai effectué spécialement pour le convaincre de venir. Après, il a dit que s'il ne vient pas, c'est à cause de l'entraîneur ! Devant de telles situations, moi je suis totalement désarmé. Des joueurs évoluant à l'étranger prétextent des blessures pour ne pas venir. J'en souffre beaucoup. Pourtant, on peut faire quelque chose dans ces éliminatoires si tous les joueurs viennent porter le maillot de la sélection. Contre le Zimbabwe et l'Angola nous avons été rejoints in extremis au score, après avoir raté une multitude d'occasions de marquer et de faire le break. Vous avez une idée sur l'équipe d'Algérie ? J'ai suivi son parcours à la CAN 2004. Cherrad m'a laissé une forte impression. La défense n'est pas mal aussi, ainsi que le milieu de terrain. C'est une équipe technique qui me rappelle par beaucoup d'aspects le football de mon pays. Je ne sais pas si le groupe a été maintenu depuis la CAN 2004. Le football algérien est l'un des meilleurs en Afrique. Sur ce plan, je ne me fais pas trop d'illusions sur la valeur de notre adversaire. Mais en football, tout est possible. Moi, je suis un compétiteur et j'ai toujours joué à fond mes matches comme joueur d'abord et entraîneur ensuite. Nous sommes venus à Annaba pour réaliser un exploit. Ce n'est pas la première fois que vous visitez l'Algérie... C'est mon troisième voyage dans ce beau pays que je compare au mien par sa beauté, la gentillesse de ses citoyens et la chaleur de l'accueil qu'il réserve à ses hôtes. Je suis déjà venu en Algérie à deux reprises. La première fois, c'était à la fin des années 1960. Si ma mémoire est bonne, c'était en 1965 avant la Coupe du monde en Angleterre. Je suis revenu, je crois en 1974, lors d'une tournée au Maghreb avant la Coupe du monde 1971. Je suis content de me retrouver dans ce beau pays qui se passionne pour le football.