Il était 15h40 en cet après-midi caniculaire de samedi lorsque les travailleurs du stade du 19 Mai 1956 ont donné l'alerte au feu qui s'était déclaré à partir du niveau inférieur de la tribune officielle. Le départ du feu coïncidait avec la présence d'une fumée noire et épaisse qui s'échappait d'une aile des bureaux de la direction. Moins d'une minute plus tard, les services de sécurité et ceux de la Protection civile étaient alertés. Les premiers seront aussitôt sur site, alors que les seconds, on ne sait pourquoi, tardèrent à intervenir. Entre-temps, les flammes progressaient tout en noircissant une partie de la façade et en menaçant sérieusement d'atteindre le salon d'honneur, annexes et locaux de stockage des équipements et matériels sportifs. Ce n'est qu'à 16h20, bien après l'arrivée des représentants de la presse et des citoyens des cités voisines, que les éléments de la Protection civile firent leur apparition pour s'attaquer au sinistre qui sera maîtrisé plus de 45 minutes plus tard. Interrogés sur les causes éventuelles de cet incendie et le retard qu'ils avaient mis à alerter la Protection civile, plusieurs travailleurs ont affirmé : « Dès que nous avons remarqué à 15h40' une petite fumée se dégageant à partir du niveau inférieur de la tribune d'honneur, nous avons téléphoné à la Protection civile. On ne sait pourquoi le préposé aux appels d'urgence semblait ne pas vouloir nous croire avant de raccrocher. Nous avons aussitôt rappelé pour l'informer de la gravité de la situation et qu'il s'agissait bel et bien de travailleurs du stade du 19 Mai qui appelaient la Protection civile pour intervenir. Notre interlocuteur nous a copieusement arrosés de propos indécents avant de raccrocher une seconde fois. Ce n'est qu'à 16h40 que les sapeurs-pompiers sont intervenus. Des étincelles produites par un poste à souder utilisé à proximité de sièges en plastique sont à l'origine de cet incendie. » Cet incendie, qui a noirci une bonne partie des murs de la tribune officielle, n'aura pas de conséquences sur le déroulement de la rencontre officielle de football Algérie-Gabon prévue pour aujourd'hui à partir de 20h15. Mais il aurait été plus grave si le feu avait atteint les câbles électriques situés à proximité et alimentant les pylônes d'éclairage. La veille, les mêmes travailleurs avaient affirmé que l'infrastructure qu'ils avaient à charge de gérer présentait des risques certains et qu'ils n'avaient pas les moyens matériels et financiers pour des opérations efficaces d'entretien et de maintenance. Autre problème, les cadres et les travailleurs de la direction du stade du 19 Mai, dont l'infrastructure présente des risques certains, éprouvent des difficultés à maintenir en bon état de marche certains équipements et services annexes indispensables au bon déroulement du match. Il en est ainsi des 4 pylônes d'une quarantaine de lampes de 1000 W chacune. Dans l'impossibilité de procéder au changement des lampes grillées ou au réglage des autres, la direction a été contrainte de limiter l'éclairage du terrain, du reste mal orienté, à un seul pylône. Les chariots élévateurs nécessaires au dépannage et à l'entretien de ces pylônes sont en panne depuis des années malgré le paiement, rubis sur l'ongle, d'une entreprise privée pour leur remise en l'état. Ainsi, une extinction de la totalité des pylônes dont les câbles ont été très mal réparés peut surgir à tout instant. L'on imagine les conséquences d'une pareille panne sur le résultat de la rencontre. Eventualité d'autant plus plausible que les ballasts sont indisponibles ou en quantité insuffisante. Et si la pelouse du stade annexe est non opérationnelle et que les toilettes des gradins ne sont plus fonctionnelles depuis plusieurs années, le plafond de celles latérales situées sous les tribunes risque de s'écrouler à tout instant sur les joueurs, conséquence d'une importante infiltration d'eau. Sans moyens financiers et matériels, la direction du stade du 19 Mai appréhende sérieusement tout problème qui pourrait résulter avant, durant et après la rencontre. Cette dernière pourrait ne pas aller au bout du temps réglementaire à la moindre étincelle d'un des câbles des pylônes du reste très deffectueux. « Tout autant que notre directeur, nous mettons de notre poche pour permettre à notre équipe nationale de s'entraîner dans de bonnes conditions. Une seule utilisation d'une lampe sur les quarante placées sur chacun des 4 pylônes équivaut à une dépense de 10 000 DA. Lors de la rencontre contre l'Angola, la FAF s'était engagée à rembourser les frais d'exploitation de l'énergie électrique. Depuis, nous attendons toujours. Quant aux responsables locaux, leur incompétence n'a d'égale que leur inconscience. En cas de pépin, ce sont les travailleurs du stade qui seront les premiers à être sanctionnés », se sont révoltés de nombreux travailleurs du stade du 19 Mai.