Le périmètre irrigué du plateau d'El Esnam à l'est de Bouira et de la vallée du Sahel, située à cheval entre la wilaya de Bouira et de Béjaia, tarde à voir le jour. Ce projet qui irriguera 8500 hectares de terres agricoles depuis le barrage Tilesdit (Bouira) et Tichy Haf (Béjaia), géré par l'office national d'irrigation et du drainage (Onid) et réalisé par deux entreprises, Amenhyd et Hydro-Amenagement, a été lancé en mai 2012 pour un délai de réalisation de 30 mois et pour une enveloppe financière dépassant les 11 milliards DA. Dix mois plutard, les agriculteurs de la région attendent toujours l'achèvement des travaux. «Nous ne comprenons rien. Ils nous ont annoncé sa mise en service pour avril 2014, puis le mois de septembre de la même année, ensuite en décembre. Nous sommes déjà en plein été 2015, rien n'a été encore fait», a déclaré un agriculteur d'El Esnam. D'autres fellahs regrettent fortement l'immobilisme des pouvoirs publics quant à un projet d'envergure. Pour eux, ce projet aurait été réalisé bien des années avant, étant donné son impact sur l'agriculture. «Si le périmètre d'irrigation a été réalisé au même moment avec le barrage de Tilesdit, nous ne serions pas aujourd'hui contraints de dépenser de sommes faramineuses pour l'irrigation d'appoint où bien perdre complètement la récolte pour celui qui n'a pas les moyens», ajoute un céréaliculteur. D'aucuns estiment que si le projet a été achevé et mis en service dans les délais, cette saison aurait été largement sauvée. Ainsi, les producteurs de la pomme de terre déboursent des sommes conséquentes durant toute la saison. L'irrigation d'appoint coûte trop cher a-t-on estimé. Pour un hectare, un producteur de pomme de terre doit dépenser une somme de 80 000 DA. «Nous dépensons de grosses sommes d'argent pour le carburant. Ajoutons à cela la somme de 10 millions de centimes que nous payons pour le passage des lignes des tuyaux d'irrigation sur les terrains des particuliers», souligne un producteur de pomme de terre de la région qui demande à ce que ce périmètre soit opérationnel avant la prochaine saison. En plus d'une superficie de 2300 ha du plateau d'El Esnam, plusieurs agriculteurs de la région d'El Hachimia et Haizer, notamment des bénéficiaires des exploitations agricoles collectives (EAC) et individuelles (EAI) pourraient en bénéficier. «On nous a annoncé depuis une année qu'une autre superficie de 3000 hectares du côté de Oued El Berdi aura son périmètre irrigué, mais on ignore tout de ce projet à ce jour», souligne un agriculteur. Djamel Yahiaoui, technicien en agriculture qui cultive une superficie de 17 hectares dans le cadre d'une EAI à El Hachimia, au sud de Bouira, estime que si les surfaces agricoles de la wilaya se dotent d'un système d'irrigation, toute l'Algérie serait approvisionnée en fruits et légumes. «Avec l'eau, on pourra tout faire. On ne va pas uniquement créer de l'emploi mais aussi augmenter et varier la production agricole de la région», ajoute-t-il. Selon M. Yahiaoui, si les gens ont fui la culture maraîchère à Bouira, c'est parce que cela demande énormément d'eau. «Il n'y aura pas de bonne production agricole sans irrigation. D'ailleurs, nous pensons organiser une action de protestation pour interpeller le ministre de l'agriculture à ce sujet», poursuit Yahiaoui Djamel. Les agriculteurs des communes de Bechloul et d'Al-Adjiba, dont les terres sont situées à quelques encablures du barrage de Tilesdit ont demandé à ce que le périmètre irrigué touche aussi leurs terrains. Pour ce qui du retard de la mise en service du périmètre, les responsables de l'Onid évoquent des oppositions qui ont fait que le projet de la ligne d'électricité devant alimenter en énergie la station de pompage du barrage de Tilesdit, a été bloqué depuis des mois. Un responsable de l'Onid affirme que les travaux sont achevés. Il ne reste que les essais de pressions au niveau de la station de pompage qui se feront dans un peu plus de deux mois, ajoute-t-on, après que la station soit alimentée en énergie électrique. A.Cherarak