«Fi sabil Allah!» littéralement : pour Dieu. «Dieu te le rendra!», «Que Dieu te garde tes parents, tes enfants!» Ces derniers jours, à tout coin de rue, à la porte des mosquées, près des marchés, ces psalmodies pleurnichardes se multiplient. Des familles entières de mendiants ont débarqué en ville à l'approche de la période de «zakat el fitr» (l'aumône prescrite pour tout musulman à la fin du mois de Ramadhan). Le phénomène n'est pas nouveau, il est devenu plutôt banal…bien que pour de nombreux incrédules, le stratagème ne trompe plus. «Moi, je préfère aider quelqu'un que je connais parce que je suis sûr qu'il est dans le besoin», dit-on. Ces familles, pas complètes puisqu'il n'y a que la femme et des enfants en bas âge, même des bébés, et…pas de père, sont reconnues par la plupart comme des mendiants «professionnels». Même si, parfois, apitoyé par la présence des enfants, on met la main à la poche. Des fois, on leur offre quelque chose (pain, lait, fruits, vêtements pour enfants), geste qu'elles n'apprécient pas vraiment, préférant surtout une aumône sonnante et trébuchante. Cependant le «métier» semble rentable. Ramadhan et piété aidant, des âmes charitables se délestent par «acquis de conscience» de 5 ou 10, voire 20 DA, pour «payer» en retour cette avalanche de bénédictions dont la femme au visage masqué par un litham, ou même la petite fillette, les gratifie dès leur approche du coin qu'elle a choisi pour «exercer». Pour ceux qui ont bien observé leur manège, ces «pro» de la manche ont un programme bien réglé. Elles commencent à s'installer vers 16h-16h30 (fin de travail pour les employés, heure des emplettes, approche de la prière du «Asr»), elles restent jusqu'à l'heure du «f'tour» et, pour certaines, rompent leur jeûne sur place puis, comme par magie, disparaissent. Quelques unes font des heures «sup» et prolongent jusqu'après la prière des «taraouih» -des fois qu'il reste des généreux pas accrochés durant la journée- et quittent la ville… en douce. Quelques «habituées» d'Arzew passent la nuit à la belle étoile devant l'école maternelle face au commissariat. Il faut signaler qu'il s'agit là de réseaux de mendicité qui, plus grave, utilisent les enfants comme leurre. Faut-il rappeler que la loi (art. 195 bis, section 4, JO n°7 du 16-02-2014) punit d'un emprisonnement de 6 mois à 2 ans, quiconque mendie avec un mineur de moins de 18 ans, ou l'expose à la mendicité. Cette peine est portée au double lorsque l'auteur de l'infraction est un ascendant du mineur ou toute personne ayant une autorité sur celui-ci.