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Profession: mendiant
BOUIRA
Publié dans L'Expression le 24 - 09 - 2009

L'acte de tendre la main pour demander l'aumône ne fait plus rougir, il se fait sans gêne.
Plus rien ne fait reculer certains pour récolter de l'argent facile. Faire la mauche, un geste parfois dicté par une situation sociale difficile, a longtemps été pris en compte dans l'organisation sociale de la cité, du village, de la famille. Même la religion qui reste souvent une référence dans toute tentative de projet de société prend en compte ce phénomène qu'est la disparité des classes et l'existence des nantis et des nécessiteux. Au courant de cet avantage, certains, sans scrupules, ont, avec le temps, fait de ce geste, celui de tendre la main, un métier très lucratif. L'acte de tendre la main pour demander l'aumône ne fait plus rougir, il se fait sans gêne. Il n'est pas rare de rencontrer une jeune femme, une vieille dame «traîner» derrière elle une nombreuse progéniture en bas âge.
Des jeunes filles obligées, par des cas familiaux complexes, à fuguer, finissent par basculer dans des créneaux aussi vils que dangereux comme la prostitution et ses conséquences qui deviennent malgré elles des mères célibataires, un sujet tabou chez nous. Il n'est pas rare aussi de rencontrer des jeunes, des moins jeunes solliciter l'aide pour l'achat du pain. En fait, il n'y a plus d'âge pour quémander et tout le monde s'improvise mendiant allant même jusqu'à s'accoutrer pour la circonstance.
Les femmes portent simplement un hidjab qui cache, sinon la misère, du moins ne laisse pas apparaître la catégorie sociale. Quant aux jeunes, ils s'habillent normalement comme le commun des citoyens. La situation économique, sociale et le passage à l'économie de marché se sont répercutés directement sur la majorité des populations, l'augmentation vertigineuse du taux de chômage, sont autant de facteurs qui ont peut-être poussé des pères de famille en chômage, des couples à se séparer, des enfants à quitter tôt le banc de l'école...autant d'éléments qui tendent à augmenter le nombre de mendiants. La difficulté de pouvoir dénicher un travail quand il y a volonté, engendre la prolifération de ces «métiers» conjoncturels tel gardien de parking, serveur dans les cafés, vendeuse de magasin...mendiant. L'occasion des fêtes religieuses, le mois de Ramadhan synonymes d'entraide, de solidarité et d'abstinence sont deux dates où le phénomène prend une grande ampleur. Avec le temps, les techniques ont évolué. L'occupation d'un espace devant un édifice très sollicité, une mosquée, un hôpital, une boulangerie, la gare routière...ne fait plus recette.
Le sur-place est doublement désavantageux. Le quémandeur donne le temps aux gens de le reconnaître et les donateurs ne viennent pas à lui.
On préfère des lieux où les gens ne s'arrêtent pas pour avoir le temps de bien découvrir le demandeur. Il n'est plus rare de voir un jeune vous accoster pour vous dire qu'il habite telle ville, de passage, il est en panne... ce type de mendiant fait une rue chaque jour suivant un emploi du temps bien étudié. Dans les cafés aussi la technique a évolué. Ainsi tout au long de ce mois sacré, après les prières des taraouih, une bonne dame accompagnée de deux enfants distribue sans mot dire un bout de papier imprimé et sur lequel elle explique que son mari est malade...quelques minutes après elle revient et ramasse ses papiers sans dire un mot. Fini le temps où le mendiant faisait des malheurs à sa gorge et où on pouvait entendre ses Lilah Fi Sabil Allah à des centaines de mètres à la ronde. Les mendiants adaptent leur technique et stratégie par rapport au lieu et au temps.
A la gare routière où la circulation est dense, des jeunes envoyés en mission par les parents font les cent pas au milieu de la chaussée et accostent les chauffeurs. L'opération s'arrête dès que la circulation diminue et reprend aux heures de pointe.
La «fonction» a connu une autre évolution. Les mendiants ne prennent plus rien d'autres que l'argent. Tous les moyens sont bons. Ils n'hésitent pas, par exemple, à s'agripper au passant pour lui montrer souvent une ordonnance très ancienne, un écriteau portant mention «malade chronique»...
Une virée à travers les marchés de la ville nous a permis de constater qu'aucun mendiant ne chôme. «On ne demande pas des fruits, des légumes, du pain, de la semoule, du lait comme par le passé. Ceux d'aujourd'hui exigent de l'argent...», nous dira un commerçant. De l'autre côté de la barrière aussi, chez les âmes charitables, les gens de bonne foi ne savent plus quoi faire. «On ne sait plus qui est nécessiteux et qui ne l'est pas?» nous lance une personne qui voulait s'acquitter de sa Zakat El Fitr. Pour un responsable, le phénomène n'est qu'une résultante logique d'un changement économique brusque et du passage d'une économie dirigée à une économie de marché où l'argent reste le dénominateur commun. La mendicité a fini par devenir une activité. Des réseaux interwilaya existent. Les «boss» affectent des équipes dans diverses régions à bord de véhicules loués.
Le soir venu, l'équipe se regroupe et reprend le chemin du retour. Il n'est pas rare de voir à Bouira des jeunes dames oranaises, de Sidi Aïssa et d'autres régions du pays recrutées le temps d'un Ramadhan.
Excellant toujours dans les techniques, certains professionnels de la manche inventent des scénarios dignes des plus grands réalisateurs du 7e art. Chaque jour de nouvelles techniques sont inventées. A Bouira, les gens ne savent plus qui quémande, qui mérite d'être aidé et qui ne l'est pas. Partout une main se tend pour avoir une pièce. Le phénomène touche aussi les villages et les petites villes de la wilaya. Bouira reste toutefois le repaire de ces mendiants. Ils sont des milliers à s'y rendre chaque matin.
Un grand nombre n'active pas excepté dans le métier de mendiant. Pour ne pas mettre tout le monde dans le même sac, nous terminons sur le cas de ce jeune qui s'asseoit devant l'ex-Sonipec, habillé traditionnellement et qui demande à tous les passants: «Andek mia dourou? (Tu as 5 DA?)».


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