La présidente du PT est catégorique : Le pays est en danger et la tragédie qui frappe Ghardaïa n'est de la responsabilité ni des Mozabites ni des ibadites, mais elle incombe à l'Etat. Il y a péril en la demeure. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, tire la sonnette d'alarme. Elle évoque l'existence d'un segment au sein du pouvoir qui milite pour que l'Algérie sombre dans le chaos. Lors d'une conférence de presse, animée hier au siège du parti, pour rendre compte des résultats de la visite effectuée par une délégation de sa formation à Ghardaïa, la première dame du PT est catégorique : la crise qui secoue la vallée du M'zab est un avertissement sérieux et un signal d'alarme à l'adresse du pouvoir. Le pays est en danger et la tragédie qui frappe Ghardaïa n'est de la responsabilité, dit-elle, ni des Mozabites ni des ibadites, mais elle incombe à l'Etat qui a déserté cette région depuis l'avènement du terrorisme. Les témoignages recueillis par les membres de la délégation confirment, d'après le député Taazibt, l'absence de l'Etat. Sinon comment expliquer, dit-il, les prêches racistes et incendiaires de certains imams ? «Qui est responsable du contrôle et de la gestion des mosquées ?» s'interroge Mme Hanoune avant de répondre : l'Etat est responsable puisqu'elle a autorisé des illuminés pour faire des appels aux meurtres et à la violence dans des mosquées. Pourquoi ces imams n'ont pas été interpellés ? S'est encore demandé Hanoune qui ne comprend pas en outre pourquoi le ministre des Affaires étrangères n'a pas saisi son homologue saoudien pour lui demander des explications sur le contenu de la chaîne Iqraa. «Cette chaîne parle en boucle d'un conflit entre les Arabes et les Berbères. Elle fait en sorte de dresser les uns contre les autres. Pourquoi le gouvernement ne rappelle pas à l'ordre l'Arabie Saoudite. Pourquoi ce silence. De quoi a-t-on peur ?» s'exclame la secrétaire générale du PT. Elle accuse, entre autres, Kamel Eddine Fekhar et un groupe d'aventuriers d'être derrière la situation chaotique qui prévaut depuis quelques mois à Ghardaia. «Fekhar a appelé à l'ingérence étrangère. Des ONG, tel que Freedom House agissent lorsqu'elles trouvent un terrain fertile, elles interviennent pour provoquer les troubles sur les bases ethnique et communautaires.» «La dérive grave d'Ouyahia» «Etant donné qu'en Algérie la cohésion sociale est ébranlée, toutes ces provocations aboutissent», déplore la SG du PT. Pour Hanoune, la nature obsolète des institutions, en plus du délitement de l'Etat sont à l'origine du marasme. A cet effet, elle interpelle l'Etat afin qu'il trouve des solutions durables aux problèmes sociaux que vit la région. «Il y a eu une volonté d'arriver à l'irréparable. L'Algérie a frôlé une catastrophe. L'Etat doit agir», rapporte Taazibt. Inquiète, Hanoune pense que l'Algérie n'est pas immunisée ni sur le plan politique ni social et encore moins économique. L'Etat algérien, explique-t-elle, est très fragile, n'est pas homogène et de surcroît il est otage de l'oligarchie. En évoquant les nouveaux riches, Hanoune qualifie de dérive grave et sans précédent les déclarations d'Ouyahia portant sur son soutien à l'oligarchie algérienne. «Ouyahia est-il conscient de son geste ? Je tiens à lui rappeler qu'il est directeur de cabinet de Bouteflika , lorsqu'il dit vive l'oligarchie algérienne, c'est comme si c'est le Président qui le dit. C'est très grave», fulmine Hanoune.