Louisa sort ses griffes Lors d'une conférence de presse qu'elle a animée hier au siège de son parti, Louisa Hanoune était très en colère aussi bien contre le secrétaire général du RND que contre l'Etat. Au sujet d'Ahmed Ouyahia, la patronne du PT ne s'est pas contentée de ressasser son discours classique. Accusant le chef de file du RND de vouloir «plaire à l'oligarchie», suite à sa déclaration récente où il a solennellement scandé «Vive l'oligarchie algérienne», elle considère sa sortie comme étant une preuve vivante que les oligarques ont des relais au plus haut sommet de l'Etat. De plus, analysant les propos qu'il a tenus lors de sa rencontre avec les cadres de la wilaya d'Alger de son parti, la secrétaire générale du PT trouve «inadmissible» que Ahmed Ouyahia soutienne l'oligarchie sous prétexte qu'elle est «contrôlée par des nationaux», car, selon elle, «l'oligarchie n'a pas de nationalité et est connectée au capitalisme international». «L'oligarchie détruit les Etats. Et l'oligarchie algérienne, parce que le colonialisme a détruit tout ce que nous avions et nous a empêché de construire un tissu industriel, ne sera jamais une bourgeoisie de sitôt, voire même après 500 ans. En pensant le contraire, Ouyahia se trompe», a-t-elle asséné avant de sortir ses griffes. «Le secrétaire général du RND défend les prédateurs. Il est en train de dire aux Algériens qu'ils seront égorgés d'une façon ou d'une autre et qu'il vaut mieux qu'ils le soient pas d'autres Algériens que par des étrangers. Ouyahia va-t-il nous dire que le terrorisme est bon dès lors qu'il est pratiqué par des Algériens?» s'est-elle interrogée au sujet de celui qui l'a accusée «de casser le moral des Algériens en faisant croire que tous les patrons sont des voleurs et des prédateurs». Au sujet de la LFC 2015 qui mijote toujours dans la marmite du gouvernement, Louisa Hanoune ne cache pas sa peur quant aux dispositions sur le recours à l'endettement extérieur des entreprises que bien des patrons revendiquent et que le leader du RND semble soutenir, parce que, a-t-elle argumenté, «l'Algérie risque de vivre le même problème que la Grèce dont l'Etat s'efforce de rembourser les dettes contractées par les oligarques». Sur un autre volet, à savoir le drame du M'zab, la patronne du PT s'en est violemment prise à l'Etat qu'elle considère comme étant le responsable principal de la crise qui déchire Ghardaïa depuis deux ans. «Il existe plusieurs problèmes à Ghardaïa qui sont une accumulation de frustrations depuis l'indépendance, notamment le problème du foncier, de l'urbanisme, du déficit en neutralité de l'administration, etc., mais c'est l'Etat qui en assume la responsabilité,» a-t-elle dit. En effet, comment «expliquer que les Affaires étrangères ne réagissent pas aux campagnes takfirites menées par l'Arabie saoudite à travers des chaînes satellitaires où l'on qualifie les ibadites de Khawaridj? Où est l'Etat?», s'est-elle interrogée avant de clamer, en réponse à une question de L'Expression sur l'éventuelle existence d'un segment au sein du pouvoir, que le chaos régnant dans la vallée du M'zab arrangerait: «Il est évident qu'il existe un segment au sein du pouvoir que le chaos arrange. Il y a des forces centrifuges au sein du pouvoir qui se sont mises en mouvement. Les deux communautés, mozabites et chaâmbas, sont victimes. L'affaiblissement de l'Etat, le délitement des institutions, ont fait de l'Etat une proie facile pour les oligarques. En 2001, lors des évènements de Kabylie, Bouteflika a donné l'ordre de ne pas tirer, encore plus à balles réelles, mais un contre-ordre a été donné et le rapport émis par la commission présidée par Mohand Issaâd sur ces évènements a établi ce fait. C'est la même chose qui est en train de se produire à Ghardaia.» Néanmoins, la virulence des critiques qu'elle a proférées à l'endroit de l'Etat n'a pas empêché Louisa Hanoune de saluer les mesures prises par le président de la République dans le but de mettre fin à la crise de Ghardaïa. «L'Algérie n'est pas immunisée socialement, économiquement, politiquement à cause des précarités qui prévalent dans le pays, ce qui fait de l'Algérie une cible facile pour les puissances étrangères qui agissent par le biais des ONG. A Ghardaïa, la responsabilité des puissances étrangères qui veulent fragmenter le monde dans le cadre du projet du Grand Moyen-Orient, est évidente. Nous avons frôlé la catastrophe, mais les mesures prises par le président pour rétablir la paix et juger les responsables ont été très bien accueillies par le Conseil des malékites et le Conseil des ibadites», a déclaré celle dont deux proches collaborateurs, Ramdane Taâzibt et Djelloul Djoudi, viennent d'effectuer une visite de travail à Guerrara.