A quel démon cédait donc cet architecte dont les affaires marchaient à merveille et dont la moralité semblait au-dessus de tout soupçon ?Etabli à son compte à M'chedellah, agréé auprès de la cour, il jouissait de la considération de tous ; son bureau d'études ne désemplissait pas. Tout allait bien, jusqu'au jour où il s'est mis à verser inexplicablement dans le faux et usage de faux. En effet, s'étant fait fabriquer, on ne sait comment, des cachets et des griffes d'autres confrères pourtant moins brillants que lui, il a commencé à les apposer sur les plans de construction qu'on lui demandait de faire. Le hasard, qui est derrière beaucoup de ruines et de fortunes, se mêlant de cette affaire, le fils d'une des victimes de cette escroquerie a vu le plan établi par cet architecte rejeté pour quelques défauts de conformité aux normes établies par les services concernés. Pour pouvoir faire des réclamations auprès du concepteur du plan, le jeune homme se référait au cachet et et à la griffe figurant sur ce document. A sa grande surprise, l'architecte, chez lequel il se présenta, reconnut son cachet sa griffe, mais pas le travail accompli. Mise au courant, la police effectua une perquisition dans le bureau de l'architecte ripou et découvrit des cachets et des griffes aux noms d'autres architectes. Une enquête menée auprès des services concernés de la daïra de M'chedellah s'est montrée concluante quant à l'implication de cet architecte véreux dans plusieurs affaires de ce genre, liées au faux et usage de faux. Présenté l'autre semaine au parquet, il n'a pu être écroué que mercredi dernier en raison de sa qualité d'architecte agréé. Auparavant, il a fallu obtenir la main levée auprès du procureur général. La procédure a demandé une semaine.