La Corporation des architectes de la wilaya de Constantine vient de faire son autopsie après des années de turbulences et d'errements qui ont fini par porter un sérieux coup à la notoriété de la profession. L'occasion a été bien saisie, jeudi dernier, à l'université Emir Abdelkader, par le nouveau bureau du conseil local de l'ordre des architectes, en marge de la prestation de serment de 200 architectes après un stage pratique de dix-huit mois dans des cabinets agréés. Présentant un plan d'action axé principalement sur la revalorisation de la profession, la mise en place de commissions de suivi, de contrôle et de discipline, le développement des rapports avec les maîtres d'ouvrage conventionnels, le conseil élu depuis quatre mois semble décidé à mettre de l'ordre dans la maison en « commençant par faire un véritable toilettage ». « Nous avons une occasion unique à Constantine pour travailler surtout que le premier responsable de la wilaya ainsi que les P/APC ont affiché leur entière disponibilité ; il revient aux architectes de prouver qu'ils sont à la hauteur », dira Mourad Belabiod, président du bureau du conseil local. Ce dernier ne manquera pas d'évoquer au passage l'anarchie qui régnait dans l'attribution des projets avec le monopole de certains cabinets d'architecture, les retards considérables enregistrés, le non-respect du suivi des travaux mais aussi la violation de la réglementation en matière de rémunération et de barème des permis de construire ainsi que la question lancinante de la fiscalité imposée aux architectes. Un constat que les architectes ont soulevé avec amertume durant les débats, allant même jusqu'à accuser certains de leurs confrères de concurrence déloyale et de spéculations qui finiront par brader la profession aux yeux des citoyens et des responsables de l'administration. La rencontre a révélé un énorme malaise parmi les plus jeunes architectes très affectés moralement et qui, faute de moyens, se sont engagés dans une aventure hasardeuse à travers la procédure de l'Ansej. En l'absence d'un plan de charge, ils seront coincés par les banques et risquent même de perdre leurs locaux et leur matériel. Pour ceux qui viennent d'achever leur stage, la formation universitaire demeure insuffisante au même titre que leur encadrement dans les bureaux d'études, où il leur faut se débrouiller à leur manière pour avoir l'information. De ce côté, nombreux sont les architectes qui ignorent même la législation régissant leur activité et semblent être désarmés face à des situations où leur responsabilité civile est clairement affichée. Chose qui incitera un intervenant à rappeler la nouvelle promotion que la prestation du serment engage une responsabilité morale et pénale bien explicitée dans les articles 554 et 555 du code civil. Les jeunes architectes devront être aussi au diapason de la réglementation régissant les normes de l'urbanisme après la catastrophe de Boumerdès mais être à jour avec le code des marchés publics, notamment le décret présidentiel n° 02/250 du 24 juillet 2002, modifié et complété par le décret 03/301 du 11 septembre 2003. Elu pour un mandat d'une année, le bureau du Conseil local de l'Ordre des architectes, qui n'a pas encore un siège à la hauteur de sa mission, dispose de peu de temps pour pouvoir redresser d'abord la barre et préparer l'assemblée générale, surtout qu'il nourrit de sérieuses ambitions pour être un partenaire incontournable de l'exécutif de wilaya pour la réalisation du projet du nouveau pôle universitaire de la nouvelle-ville Ali Mendjeli. Un énorme chantier de 220 milliards de dinars et qui commence à attirer déjà les convoitises.