Dans la majorité des couples stériles, l'homme est le plus souvent mis en cause. En Algérie 10 à 15% des couples rencontrent des difficultés à concevoir un enfant pourtant désiré. Dans plus d'un tiers des cas, l'infertilité masculine est à l'origine de ce problème. Ces 20 dernières années, la baisse de la fertilité est incontestable, selon les spécialistes. Des études internationales ont démontré cette tendance qui risque de s'accentuer dans les prochaines années. Les perturbateurs endocriniens sont pointés du doigt. Il s'agit de certaines substances chimiques qui provoquent un dérèglement des équilibres hormonaux, comme le plastique, les pesticides et autres agents chimiques. Ces produits, tels certains pesticides, sont déjà identifiés comme perturbateurs du système hormonal et sont retirés du marché mondial, mais beaucoup d'autres sont encore en circulation. «Ces substances bloquent l'activité des hormones androgènes responsables du développement du système reproducteur mâle», expliquent les chercheurs. Une liste de 66 perturbateurs endocriniens a été établie en 2005 par la communauté européenne, comptant plusieurs catégories de composés, dont le plastique, 4-n-nonylphénol, le bisphénol A, les phtalates, les PCB, les pesticides, les POP.... Les composés comme les phtalates, le nonylphénol ou le bisphénol A sont très souvent présents dans les emballages des produits alimentaires et ils passent dans les aliments. Selon une étude américaine, le bisphénol A, par exemple, est retrouvé dans les urines de 95% de la population. «Le stress, le tabac et l'alcool contribuent aussi largement à cet état de fait», indique le professeur Derguini, chef du service gynéco-obstétrique à l'hôpital de Kouba. Il signale que certains métiers exposent ceux qui les pratiquent à plus de risques de faiblesse de mobilité des spermatozoïdes, comme les agriculteurs, les boulangers, les soudeurs. Dans certains cas, un traitement médical suffit pour régler le problème. Il y a aussi d'autres causes liées à des soins médicaux tels que la chimiothérapie et la radiothérapie, affirme le praticien. Dans ces cas précis, il est important de se prémunir, surtout avant le mariage, et penser à recourir à cryoconservation (congélation du sperme, des tissus ovariens et des gamètes), conseille le praticien. La plupart des études internationales montrent que la quantité et la qualité des spermatozoïdes sont en baisse depuis au moins 50 ans. Les hommes sont de plus en plus infertiles, car leurs spermes deviennent déficients et insuffisants. Leur spermatogenèse se trouve dérangée par la pollution, l'alcool et la cigarette. Le taux d'infertilité dans les couples algériens est inquiétant, bien qu'aucune étude nationale sur ce problème n'ait été réalisée à ce jour. Les centres de procréation médicalement assistée (PMA) implantés à travers le territoire national ne désemplissent pas. Nombre de jeunes et de moins jeunes sont candidats à la PMA sous toutes ses formes, malheureusement il n'est pas toujours sûr que cela réussisse à la première tentative. La PMA est en plein essor en Algérie. De plus en plus de bébés naissent grâce aux techniques de procréation médicalement assistée qui a encouragé et redonné espoir à des centaines de couples souffrant de l'infertilité. Des taux de réussite de 25 à 30% sont enregistrés, une moyenne proche des normes et des résultats au niveau international, à travers les centres de PMA. Les plus performants maîtrisent aujourd'hui les techniques (fécondation in vitro, stimulation ovarienne, micro-injection) alors que les couples, par contre, rencontrent d'énormes difficultés pour assurer leur prise en charge. Les traitements ne sont pas encore pris en charge par la Sécurité sociale. Le procédé de fécondation in vitro n'existe pas également dans les chapitres des «pathologies» prises en charge par la Sécurité sociale. Fatima, 38 ans, mariée depuis trois ans, est l'une de ces femmes rencontrée dans un centre de PMA à Alger qui désire tant prendre son bébé dans ses bras. «J'ai pourtant consulté rapidement. Au premier traitement, je suis tombée enceinte, mais la grossesse s'est interrompue malgré un bilan satisfaisant, selon les médecins. On nous a proposé alors la fécondation in vitro que mon mari et moi avons tentée, mais qui a aussi échoué. Nous avons changé de médecin qui nous a encore mis sous traitement en attendant de voir ailleurs, peut-être en Tunisie ou en Espagne», nous confie-t-elle. Et d'appeler les autorités sanitaires à se pencher sur ce problème et contribuer au remboursement d'au moins deux tentatives, ne serait-ce qu'à 50%, pour tous ces couples qui vivent un drame social. Yasmine en est à sa troisième tentative de FIV dans un centre de PMA et espère tomber enceinte cette fois-ci. Agée de 34 ans et mariée depuis quatre ans, elle est aujourd'hui préparée pour une intervention (ICSI) dans laquelle elle place tous ses espoirs, tout en sachant que le problème de stérilité est plutôt du côté de son mari.