Les voyageurs en partance pour le port d'El Djamila, dans la commune de Aïn Benian à partir de la Pêcherie d'Alger doivent braver le soleil et les relents fétides des restes de poissons avant d'embarquer, faute de salle d'embarquement. «J'ai pris l'habitude d'utiliser le bateau pour venir de Aïn Benian à Alger, mais à chaque fois je dois patienter en plein soleil en l'absence d'une salle d'embarquement», regrette Hamid, qui rentre chez lui à Aïn Beniain en début d'après-midi après avoir effectué une visite chez des amis. «Seul le préau d'un bâtiment donnant sur le port d'Alger nous offre un peu d'ombre au niveau de la Pêcherie et tous les voyageurs s'y agglutinent pour éviter l'insolation en ces journées particulièrement chaudes», renchérit Lamine, qui regagne lui aussi son domicile à l'ouest d'Alger. Un autre voyageur fait remarquer que même «la cabine qui sert de guichet pour la billetterie est située sur un terrain en terre battue, ce qui nous oblige à attendre le bateau au milieu de la poussière». Les protestations des voyageurs continuent pour évoquer le manque de commodités offertes, comme les cafétérias et «nous sommes obligés d'acheter une petite bouteille d'eau à 30 DA pour nous désaltérer», se plaint Nabil. Seule satisfaction : l'affrètement, cette année, d'un second bateau permet de réaliser plusieurs navettes durant la journée. «On ne sera plus dans l'obligation de patienter sur le quai pendant des heures ; actuellement, le temps d'attente est réduit à une demi-heure», indique Nassim, qui s'apprête à se rendre à Aïn Benian. «A 14h30, il y a eu un bateau qui a pris le départ et je vais monter à bord du Captain Morgan à 15h, car il y aura certainement moins de monde», confie avec satisfaction ce désormais habitué des navettes maritimes. A 15 heures, le Captain Morgan largue les amarres. C'est l'avant-dernier départ avant celui programmé à 17h30 à partir de la Pêcherie, mais il n'y a pas grand-monde et ses 350 places sont loin d'être occupées en totalité. Les deux bateaux affrétés par l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) ont une capacité totale de 670 passagers afin de prendre en charge tous les voyageurs empruntant cette ligne maritime, dont les navettes ont repris mardi dernier. Sur le pont, les voyageurs qui prennent pour la première fois le bateau ne ratent pas l'occasion de prendre des photos de la côte algéroise à l'aide de leur téléphone portable, des moments d'euphorie et de découverte des quartiers d'Alger vus de la mer. Mais à part la quête de belles photos prises de la mer de Bologhine et son stade Omar Hamadi, La Casseda, Kaâ Essour, ou les Deux-Chameaux, en contrebas du Château hanté, près de Jaïs, c'est surtout le tarif de la promenade qui est relevé (50 DA). «Je voyage pour pas cher et je ne suis pas obligé de subir les embouteillages incessants dès qu'on est sur l'avenue Zighout Youcef et l'avenue Che Guevara», témoigne Hamid, cheveux au vent. Durant cet été, de nombreux voyageurs apprécient d'effectuer le trajet sur le pont pour ne rien perdre des vues d'Alger, mais certains préfèrent la salle climatisée du Captain Morgan où ils peuvent également acheter des bouteilles d'eau à 50 DA. Du café est également disponible, mais il n'y pas foule pour ces prestations. Les usagers sont aussi nombreux à se déclarer satisfaits de la qualité de service, notamment depuis que l'ENTMV a décidé d'assurer la continuité du service durant le week-end même avec des rotations réduites. Mais attention au mal de mer : des jeunes qui n'ont pas le «pied marin» ont d'ailleurs eu l'estomac tout retourné. Heureusement que l'arrivée à El Djamila est toute proche, puisque le capitaine Onofrio Calise annonce depuis le poste de pilotage dans un français approximatif que «tout s'est bien passé durant la traversée».