Béjaïa est-elle suffisamment dotée en infrastructures pour contenir et maîtriser le flux grandissant de citoyens en vacances dans la wilaya, dans le cadre des programmes de mobilité des jeunes et des colonies de vacances ? L'incident qui s'est produit dans la soirée de mercredi à Souk El Tenine, à 50 kilomètres à l'est de Béjaïa, (lire le reportage), démontre les limites de l'administration locale à gérer ce flux, notamment par l'Agence nationale des loisirs de la jeunesse (Analj) qui déplace chaque année des centaines enfants vers le Nord dans le cadre de ses activités. Le «renvoi» de 600 estivants des wilayas du Sud vers Zéralda, après une bagarre qui a éclaté entre les estivants et des jeunes de la localité de Souk El Tenine, a suscité une vague d'indignation chez ces derniers. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, en prenant cette décision radicale pour mettre fin à d'autres éventuels heurts entre les jeunes, a réussi, plutôt, à créer un sentiment de rejet chez les familles de ces derniers. Dans ce camp de Souk El Tenine, ils sont 1800 jeunes d'Adrar, Béchar et Tamanrasset à être entassés dans un espace ne pouvant contenir que 800 personnes. Selon une sources proche de l'administration, la commission de wilaya chargée du suivi et du contrôle des camps de vacances avait émis des réserves à l'encontre de l'agence privée avec laquelle l'Analj a signé une convention. A ce propos, le député du FFS Chafaâ Bouaïche a revendiqué une enquête ministérielle sur la gestion des responsables de l'Analj qu'il accuse de «détournement». Nos tentatives de joindre le directeur général de l'EPIC Analj sont restées vaines, après nous avoir promis de rappeler la rédaction locale. En sillonnant les villes de l'est de Béjaïa de nuit, il n'est pas rare de voir nos compatriotes du Sud dormir à même le sol, sur les trottoirs, dans les parkings ou carrément sur les plages, mettant leur sécurité en danger. A ce propos, la capacité d'accueil des 5 auberges, des 2 camps de jeunes et les dortoirs gérés directement par la DJS de Béjaïa est restées la même depuis des années : 1000 lits alors que la demande va crescendo d'une saison à une autre. Par ailleurs, les infrastructures routières demandent à être développées et l'ouverture des 11 plages fermées à cause de l'inexistence des postes de surveillance de la Protection civile, de la police – qui a engagé seulement 2000 policiers sur le terrain – et les accès doivent rouvrir impérativement pour absorber les 8 millions d'estivants par an qui se ruent sur les côtes de la capitale des Hammadites. Si la capacité d'accueil et la qualité de service des infrastructures hôtelières et touristiques sont inférieures respectivement à la demande et aux normes, il en est de même pour les camps de jeunes et les espaces aménagés pour accueillir des enfants en quête de loisirs.