Dans un rapport établi par l'Organisation internationale pour les migrations, rendu public hier, il est noté une hausse du nombre de victimes de la dangereuse traversée, qui était déjà très lourd en 2014 durant la même période, avec 1607 migrants. L'année 2014 s'était achevée sur un bilan macabre de 3279 morts en Méditerranée. La tentation de la fuite par la voie maritime devient plus intense durant la période estivale, mais c'est toute l'année que les candidats à la migration clandestine cherchent les vents favorables pour leur aventure hautement risquée. Le mois d'avril a été celui où le nombre de morts a été le plus élevé pour l'année 2015, avec 1265 victimes, contre 736 en juillet. Les côtes italiennes sont particulièrement visées par les groupes de migrants fuyant les conflits et le mal-vivre. Le rapport de l'OIM indique que l'écrasante majorité des victimes a été enregistrée dans le canal de Sicile, sur la route de la Méditerranée centrale reliant la Libye et l'Italie. L'utilisation d'embarcations de fortune par les passeurs augmente les risques de naufrage et de mort en mer. Avec 2000 morts sur un chiffre global de 2865 victimes de la migration dans le monde, la Méditerranée est devenue la zone la plus dangereuse à traverser pour les migrants. «La route de la Méditerranée centrale est beaucoup plus dangereuse que les autres routes», précise le rapport, notant une différence tout de même entre la Grèce et l'Italie. «Alors que l'Italie et la Grèce ont connu des entrées similaires de migrants, avec respectivement 97 000 et 90 500, les taux de mortalité sont très différents. Environ 1930 personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre l'Italie, mais seulement 60 sont morts en essayant d'atteindre la Grèce.» Rien que la semaine dernière, pas moins de 19 personnes ont trouvé la mort dans le canal de Sicile. Selon les témoignages des rescapés, le moteur du bateau transportant plus de 400 migrants avait chauffé et l'eau potable qui était disponible avait été utilisée pour le refroidir. Les décès enregistrés étaient dus à l'épuisement et à la soif. «Il est inacceptable qu'au XXIe siècle des personnes fuyant leur pays d'origine pour cause de conflit, de persécution et de misère endurent ces terribles expériences pour mourir à la porte de l'Europe», estime William Lacey Balançoire, directeur général de l'OIM.