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La France doit nettoyer les sites contaminés par ses explosions nucléaires en Algérie
Publié dans Algérie Presse Service le 12 - 02 - 2025

La demande maintes fois adressée par l'Algérie à la France l'exhortant à nettoyer les sites contaminés par les explosions nucléaires dans le Sud du pays, durant les années 1960, est "tout à fait légitime", a estimé le cofondateur et directeur de l'Observatoire des armements, Patrice Bouveret.
"La demande des autorités algériennes de nettoyer les sites est bien évidemment importante et tout à fait légitime", a déclaré, dans un entretien accordé à l'APS, le directeur de l'Observatoire des armements, un organisme français indépendant spécialisé dans l'expertise et la documentation liées, entre autres, aux essais nucléaires.
En décembre dernier, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, lors d'un discours à la Nation devant les deux chambres du Parlement, avait appelé la France à nettoyer les sites contaminés par les explosions nucléaires. "Ne nous donnez pas d'argent, mais venez nettoyer les sites que vous avez contaminés", avait-il insisté.
En janvier, la ministre de l'Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, a indiqué que la France coloniale, responsable d'une catastrophe environnementale dans le Sud du pays, devait "assumer
pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques dans l'élimination de ces déchets radioactifs".
Patrice Bouveret a déploré, à ce propos, le fait que les autorités françaises n'assument pas les conséquences de leurs actes.
"Le principal blocage est l'absence de volonté politique des autorités françaises d'assumer concrètement les conséquences de leur politique nucléaire", a-t-il soutenu.
Interrogé au sujet de la loi Morin de 2010 dont le but, en théorie, est de permettre l'indemnisation des victimes des explosions nucléaires françaises, M. Bouveret a estimé que cette loi avait pour réel objectif de limiter les bénéficiaires des indemnisations.
La loi Morin, du nom du ministre de la défense lors de son adoption par le Parlement, "a malheureusement parfaitement rempli son objectif, à savoir donner le sentiment d'une prise en compte des conséquences sanitaires des explosions nucléaires réalisées par la France, mais en limitant, autant que faire se peut, le nombre de bénéficiaires d'une indemnisation", a-t-il
soutenu, citant les chiffres insignifiants des personnes indemnisées notamment en Algérie, où seules deux personnes ont été indemnisées.
Pour cet expert, en plus du travail parlementaire, "des initiatives peuvent d'ores et déjà être prises par simple décret par le gouvernement français pour, par exemple, élargir la liste des maladies ouvrant droit à une indemnisation ou également la modification des zones au Sahara dans lesquelles les personnes devaient résider pour que leurs dossiers soit acceptés", a-t-il dit.


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