Le Groupe d'intervention spéciale (GIS), la force de frappe du DRS dans la lutte antiterroriste chargée des missions spéciales, a été dissous. Ses éléments ont été rattachés aux différentes forces, terrestres, marines, aériennes et à la Gendarmerie nationale. Le général Abdelkader remplace le général-major Bendaoud à la tête de la direction de la Sécurité intérieure dirigée par le DRS. Les mesures dites de restructuration de l'armée s'accélèrent depuis «l'affaire Zéralda». La guerre des tranchées entre El Mouradia et Les Tagarins fait rage. Les conséquences seront très lourdes pour la cohésion et la mobilisation des rangs de la grande muette. Après les changements à la tête de la garde présidentielle et de la Garde républicaine, c'est au tour du prestigieux GIS — la force de frappe du Département de renseignement et de sécurité (DRS) dans les opérations de lutte antiterroriste en général et les missions délicates liées à la sécurité de l'Etat en particulier — d'être touché par la «restructuration». Selon des sources bien informées, ce commando, hautement qualifié pour les missions spéciales comme la contre-guérilla, la libération des otages et la protection rapprochée, a été tout simplement dissous. Les quelques centaines d'éléments qu'il comptait ont été, nous dit-on, affectés aux différentes forces armées : terrestres, aériennes, marines et à la Gendarmerie nationale. Considéré par les spécialistes comme l'un des meilleurs groupes d'élite des forces spéciales au niveau africain et méditerranéen, le GIS a eu ses moments de gloire dans les années 1990 et s'est illustré également lors de la prise d'otages, menée par une trentaine de terroristes d'une dizaine de nationalités, à Tiguentourine, à l'extrême Sud algérien, en janvier 2013. La décision a été prise la semaine dernière, alors que les responsables du premier cercle de protection, la garde présidentielle et la Garde républicaine venaient d'être limogés et remplacés, sans qu'aucune information officielle ne soit donnée par la Présidence dont ils dépendent administrativement et le ministère de la Défense nationale auquel ils sont rattachés organiquement. Seule une cérémonie d'installation officielle par le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, du fraîchement décoré au grade de général-major de corps d'armée Benali Benali, à la tête de la Garde républicaine, a été largement médiatisée sans pour autant évoquer le nom du partant, le général-major Ahmed Moulay Meliani, remercié au même titre que le général-major Djamel Lekhal Medjdoub, commandant de la garde présidentielle, remplacé par le général-major Nacer Habchi dans le secret le plus total, puisque ni le vice-ministre ni la Présidence n'ont annoncé officiellement ce changement, préférant plutôt la communication par «fuites organisées». Dans ce cadre, alors que tout le monde annonçait le remplacement à la tête de la Direction de la sécurité intérieur (DSI) du général-major Ali Bendaoud par le colonel Aziz qui dirigeait l'Ecole du renseignement de Beni Messous, c'est le général Abdelkader qui prend la tête de cette direction. Issu de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DCSA), il était responsable régional de cette structure à Blida avant d'être rappelé au ministère puis promu au grade de général-major alors que personne ne s'y attendait. Toutes ces décisions et les circonstances dans lesquelles elles ont été prises laissent supposer qu'il y a bien une guerre des tranchées entre El Mouradia et Les Tagarins. Le limogeage des uns et le retour des autres ne sont en réalité que des coups et contrecoups qui, s'ils arrangent l'une ou l'autre partie, ne font qu'exacerber le sentiment de démobilisation ressenti par une grande partie des hommes qui affrontent quotidiennement le terrorisme, la contrebande et toutes les menaces qui guettent le pays aux frontières. Et les dommages collatéraux sont lourdement subis par les structures qui constituent la force de frappe contre le terrorisme, à l'image du GIS, de la DSI qui a connu une valse de quatre responsables en deux ans, mais aussi le service de lutte antiterroriste du DRS qui, depuis le limogeage intrigant de son chef il y a 18 mois, est toujours sans responsable. Jusqu'à quand cette lutte pour le maintien au pouvoir que se livrent les uns et les autres continuera-t-elle ? Quel prix le pays devra-t-il encore payer pour se relever de cette situation qui a commencé dès le retour du président de la République de l'hôpital militaire français du Val-de-Grâce ? La question reste posée…