La Libye crie au secours. Elle envoie des messages de détresse à la communauté internationale, et principalement aux «frères arabes», pour faire face à l'organisation terroriste Daech qui s'est emparée de la ville côtière de Syrte, où elle «commet les pires atrocités». Dans un communiqué officiel, le gouvernement libyen réclame, notamment, des frappes aériennes contre les positions du groupe islamiste parce que les autorités sont «incapables de faire face à l'EI en raison de l'embargo sur les armes imposé à l'armée» par l'ONU depuis 2011. Il exhorte «les pays arabes frères (…) à lancer des frappes aériennes ciblées contre les positions de l'EI à Syrte». La Ligue arabe a accepté la demande libyenne, mais elle ne se réunira que demain et seulement au niveau des ambassadeurs accrédités au Caire. Il ne faut pas s'attendre à quelque chose de spectaculaire, surtout que des régimes wahhabites, comme l'Arabie Saoudite et le Qatar, ont une revanche à prendre sur la Libye qui leur a posé des problèmes quand elle était dirigée par Mouammar El Gueddafi. C'est surtout le Qatar qui a poussé Nicolas Sarkozy, quand il était à la tête de l'Etat français, à attaquer la Libye pour se débarrasser du dictateur de Tripoli. Les Qataris voulaient prendre le contrôle des gisements gaziers libyens, mais El Gueddafi s'y était fermement opposé, d'où l'opération franco-britannique qui a entraîné sa chute et sa mort dans les conditions atroces que l'on connaît. Les monarchies arabes, qui exercent désormais un pouvoir quasi exclusif sur les décisions de la Ligue arabe, ne seront certainement pas chaudes pour aider le peuple. Entre Daech et la stabilité de la Libye, elles préfèrent l'organisation islamiste, même si elles font semblant de la combattre en Syrie et en Irak. Surtout que ces monarchies croient que le chaos en Libye déstabilisera un jour ou l'autre l'Algérie, un pays avec lequel elles entretiennent des relations hypocrites et qu'elles souhaitent affaiblir pour que sa petite expérience démocratique ne fasse pas tache d'huile dans le monde arabe, même si cette expérience est bloquée pour l'instant par le pouvoir d'Alger. L'appel au secours libyen est à prendre très au sérieux. Si Daech n'est pas éliminé de Libye, toute l'Afrique du Nord sera menacée. C'est un cancer qu'il faut éradiquer rapidement avant qu'il ne fasse des dégâts irréversibles. Un pays comme la Tunisie, qui n'est pas préparée pour combattre une organisation islamiste de grande envergure, serait le premier à tomber et les autres se trouveront à leur tour confrontés à des situations catastrophiques. Les Américains ont détruit l'Irak et les Franco-Britanniques la Libye. De ce fait, il n'y a rien à espérer du côté de l'Occident, sauf si un jour il se mettait à considérer que Daech est devenu une menace pour l'Europe. Pour l'instant, l'organisation terroriste ne tue que les Arabes. On l'a vu à Ghaza où un Daech local a été créé. Jusqu'à ce jour, il n'a pas jeté une pierre sur Israël.