Le véhicule, dans lequel ont été retrouvés entre 20 et 50 corps, était garé sur une aire de stationnement dans l'Etat frontalier du Burgenland, a rapporté le porte-parole de la police, Hans Peter Doskozil, lors d'une conférence de presse. A Vienne où elle participe au sommet avec les dirigeants des Balkans de l'Ouest, la chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé que cette «terrible» nouvelle constituait «un avertissement» pour l'Europe qui doit résoudre la crise des migrants. «Aujourd'hui est un jour sombre. Ce drame nous affecte tous», a déclaré la ministre de l'Intérieur autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, ajoutant que «les trafiquants d'êtres humains sont des criminels». Le camion était en stationnement dans le secteur depuis mercredi. «Nous ne pouvons pas confirmer comment ils sont morts», a encore ajouté le porte-parole de la police. Les équipes médico-légales qui sont à l'œuvre sur place ont indiqué qu'il faudrait plusieurs jours pour parvenir à des conclusions. Le Burgenland est frontalier de la Hongrie qui est confrontée à un afflux sans précédent de migrants. La police hongroise va se joindre à l'enquête, a annoncé Budapest, la police autrichienne l'ayant informée que le véhicule avait une plaque d'immatriculation hongroise. «Les polices autrichienne et hongroise vont œuvrer étroitement ensemble pour enquêter sur ce qui s'est passé et arrêter les responsables», a déclaré Janos Lazar, porte-parole du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. HOTSPOT Il a indiqué que la police autrichienne avait informé Budapest que le chauffeur du véhicule était un Roumain. «Il semble que les victimes étaient des migrants, dans une opération de trafic d'êtres humains», a-t-il dit. Avant le sommet de Vienne, le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, a prévenu que son pays pourrait envisager d'introduire des mesures plus musclées contre les migrants, dont «des contrôles plus stricts à la frontière», si l'UE échouait à trouver une réponse unitaire. En Autriche, le nombre de demandes d'asile devrait atteindre 80 000 cette année. Par ailleurs, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a appelé, mercredi, à créer d'urgence des «hotspots» (centres d'accueil et de tri) face à l'afflux de migrants et réfugiés en Europe. «Il nous faut accélérer et intensifier les décisions prises par le Conseil européen en matière d'agenda pour les migrations : des questions essentielles comme la réception, l'enregistrement, les hotspots, la relocalisation et la réinstallation», a déclaré le responsable du HCR, Antonio Guterres, à Genève. Un «hotspot» est un centre d'accueil et de tri financé par l'Union européenne, créé dans les pays d'arrivée pour enregistrer et identifier les migrants. Un tri y est fait entre les personnes pouvant relever du statut de réfugié et les migrants économiques irréguliers, condamnés au retour. Depuis le début de l'année, 293 000 migrants et réfugiés ont tenté d'atteindre l'Europe en passant par la Méditerranée, et 2440 ont péri en cours de route, selon des chiffres annoncés mercredi par M. Guterres. «C'est évidemment un défi sérieux pour l'Europe», a-t-il dit, appelant à «agir rapidement et avec efficacité. C'est évident que l'Europe a la dimension et la capacité de répondre à ce défi, pourvu qu'elle soit unie et qu'elle assume conjointement cette responsabilité», a-t-il estimé. Il a appelé la communauté internationale à faire preuve d'une plus grande générosité envers les réfugiés syriens, soulignant que l'appel de fonds de l'ONU en leur faveur n'était financé qu'à hauteur de 41% actuellement. Sauvetage En Méditerranée, dix opérations de sauvetage ont été lancées mercredi pour récupérer des naufragés à bord d'embarcations ou de canots pneumatiques en difficulté dans le canal de Sicile et non loin des côtes libyennes, et 3000 migrants ont été secourus, ont détaillé les gardes-côtes italiens. Mais 55 cadavres de migrants ont été découverts à bord de trois embarcations, dont 51 se trouvaient dans la cale de l'une d'elles. Les victimes seraient mortes asphyxiées par les émanations de gaz du moteur du petit bateau, selon des informations de presse non confirmées. La semaine dernière, 5300 personnes ont été secourues par la marine italienne et la mission européenne Triton. Confrontées à l'arrivée massive de migrants, l'Italie, la Grèce ou la Hongrie se sont vu reprocher, par certains de leurs partenaires, de les laisser passer. Répondant aux critiques, le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, a qualifié son pays de «modèle positif» sauvant «des dizaines de milliers de vies humaines» en Méditerranée. «L'Europe a besoin d'aller dans la direction exactement opposée à celle qui consiste à taper sur les pays situés sur sa frontière extérieure», a insisté le ministre, militant pour une «européanisation de la gestion des flux». «Les migrants arrivent en Europe, pas en Italie, en Grèce, en Allemagne ou en Hongrie. Au train où vont les choses, on risque de remettre Schengen en cause», a-t-il prévenu. Pour faire face à la situation, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, ont appelé à créer d'urgence des «hotspots», une solution momentanée pour réguler les flux migratoires.