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Les révoltes, une étape nécessaire à la construction de la nation arabe
Oussama Hamdane représentant en relations internationales du Hamas palestinien
Publié dans El Watan le 28 - 08 - 2015

Le leader islamiste palestinien a été invité en Algérie, dans le cadre de l'université d'été du Front du changement qui s'est tenue du 23 au 29 août. El Watan Week-end l'a rencontré.
Quel est le poids des islamistes aujourd'hui dans les pays dits musulmans ?
Notre philosophie dans la construction des relations avec les partis politiques, les Etats, etc. ne se limite pas à l'islamisme. Au contraire, nous tenons à varier nos relations avec tous les partis, quels que soient leurs courants.
En ce qui concerne les partis islamistes, je pense que ces derniers représentent une partie de la mouvance politique dans les pays arabes. Ils jouent un rôle décisif dans la stabilité de leurs sociétés.
Et il est nécessaire aujourd'hui de faire la différence entre les partis politiques qui activent en respectant la loi et les groupes qui ne croient pas en l'existence de l'Etat. Même si des partis politiques islamistes ont fait des erreurs, il y a lieu de les considérer comme des erreurs politiques, sans trop se focaliser sur le courant tant que ceux-ci travaillent dans la légitimité et les lois du pays.
En ce qui concerne leur poids, je pense que les urnes reflètent largement leur assise politique et la volonté du peuple. Ce n'est pas un privilège, mais une responsabilité envers ces peuples qui espèrent le développement et l'épanouissement de leur pays. Seule la démocratie est censée juger la réussite de ces mouvements ou pas.
Lors de votre intervention, vous avez beaucoup parlé de «la nation arabe». Ne pensez-vous pas que le courant islamiste, avec à sa tête le mouvement des Frères musulmans, a une part de responsabilité dans son déclin ?
Il est vrai qu'à une certaine période, quelques-uns ont essayé de confronter la pensée islamique à l'identité arabe. Ce qui est un faux débat, puisque l'islam respecte les identités des nations.
L'islam a plutôt encadré les identités sous la même pensée religieuse. Ce qui est le cas pour le mouvement des Frères musulmans, qui a beaucoup fait pour l'enseignement de la langue arabe. Je pense que le déclin de l'identité arabe est dû aux problèmes et aux erreurs de cette nation. Les séquelles du colonialisme qui a fait en sorte de détruire les repères de la nation y sont aussi pour quelque chose, même si par la suite, pendant la période de l'indépendance, cette nation n'a pas pu assurer le développement.
Aujourd'hui, dans le cadre des changements que traverse notre région et l'aspiration de nos jeunes à un avenir meilleur, c'est encore une fois l'identité qui en prend un coup, puisqu'elle est mise à l'écart. Alors que l'identité arabe est une composante essentielle de la pensée islamique. Je pense que la base de la renaissance de cette nation est de retrouver son identité arabe, qui est l'essence-même de son existence, sans trop chercher à la séparer de la religion. Puisque notre religion préserve l'identité et dégage le meilleur en elle, au lieu de faire de l'identité nationale une appartenance d'exclusion, elle devrait être le point qui fédère le monde arabe.
Où en est aujourd'hui ce «monde arabe» lié par la langue dans la cause palestinienne ?
Il est clair qu'avec ce qui se passe dans le monde arabe, la cause palestinienne semble perdre du terrain. Néanmoins, lors de la guerre de Ghaza, l'été passé, on a constaté que la cause palestinienne était toujours «La» cause de la nation arabe. Puisque les Arabes se sont mis à reprendre de plus en plus leur rôle envers la cause qui les a toujours réunis. Penser que la cause palestinienne est morte chez les Arabes est une des propagandes menées par Israël.
Cependant, ce que nous vivons en ce moment malgré les douleurs est en soi comme un début de renaissance arabe, qui fera naître des courants plus audacieux pour affronter le sionisme. Ce qui se passe actuellement est très important pour nous : les révoltes, elles sont un signe de bonne santé et sont une étape dans la construction et le développement d'un pays.
Il a fallu deux guerres mondiales à l'Europe pour qu'elle construise son économie. Nous avons seulement besoin de réorganiser nos priorités et de faire des concessions entre nous pour dépasser les conflits idéologiques. Donc, je pense qu'on est dans le bon chemin.
Malgré le fait que les régimes qui émanent de ces «révolutions», à l'image de l'Egypte, ont inscrit le Hamas parmi les organisations terroristes ?
C'est pour ça que je dis que la renaissance n'est pas encore là, mais qu'elle est en cours. Je pense que cette transition finira du côté du peuple. Puisque les peuples dans leur conscience commune ne peuvent pas se tromper.
En ce qui concerne l'Egypte, sa décision est une sorte de négation de soi, si loin de l'histoire de l'Egypte. D'autant plus que son seul ennemi dans la région est Israël.
Où se situe votre politique entre la résistance armée du Hezbollah et la participation aux négociations avec Israël de Doha ?
Nous avons toujours eu la libération de la Palestine comme objectif. Nous sommes convaincus que nous avons besoin d'un programme où la résistance armée est une base de lutte. Mais, en même temps, nous ne devons pas négliger le travail politique et socioculturel qui peut nous donner une société résistante pour porter notre cause commune.
L'Algérie est pour nous un exemple de lutte contre le colonialisme puisque seule la résistance a pu libérer votre pays. En ce qui concerne les initiatives de paix et tout ce qui se dit sur ça, depuis les accords de Camp David la région ne connaît pas de paix. Ces accords ne font qu'assurer la stabilité à Israël. La paix ne peut se faire que par la décolonisation.
Où en êtes-vous dans vos relations avec l'Autorité palestinienne et les autres factions ?
Comme toute vie politique, nous connaissons des hauts et des bas. Cependant, nous tenons à trois priorités dans les relations avec l'autorité palestinienne. Dont celle de mettre un terme à la sécession politique. Nous voulons aussi un programme politique qui lie les Palestiniens.
Malgré tous les problèmes - réels - que nous avons avec Mahmoud Abbas, sur le gouvernement et les services de sécurité, nous avons réussi à nous entendre sur ces deux points. Il ne reste plus qu'à redéfinir les rôles des services de sécurité palestiniens et les relations avec le colonialisme sioniste.
En ce qui concerne les factions, à l'exemple du Fatah, nous partageons la responsabilité de libérer le pays. Nous sommes unis dans un même engagement.


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