Lorsqu'on évoque la bande de Ghaza, les qualificatifs n'encouragent personne à la visiter ni penser à y resider. On dit de la bande de Ghaza que c'est «la plus grande prison à ciel ouvert au monde», «l'enclave palestinienne» ou encore «l'étroite et pauvre bande côtière». Dans son rapport publié mardi, la Cnuced, organe des Nations unies chargé des questions de développement et de commerce, est allé plus loin en estimant que ce territoire palestinien pourrait devenir «inhabitable d'ici 2020». Théâtre de trois guerres sanglantes et destructrices en moins de 6 ans et soumise à un blocus israélien sévère depuis 2006, la bande de Ghaza pourrait devenir invivable dans un délai de 5 ans, si les tendances économiques actuelles persistent, estime la Cnuced. Enclave entre la mer Méditerranée, Israël et l'Egypte, le minuscule territoire palestinien de 360 km2 est habité par plus de 1,8 million de citoyens, ce qui en fait l'une des régions à plus forte densité au monde. Cette forte démographie et ses conséquences sociales, sanitaires et sécuritaires risquent, selon les experts de la Cnuced, de faire de la bande de Ghaza un lieu invivable d'ici 2020. «Les efforts de la reconstruction sont extrêmement lents face à l'ampleur des dévastations et l'économie locale de Ghaza n'a pas les moyens de se redresser», dit le rapport de la Cnuced, dont les experts estiment que la situation socioéconomique est à son plus bas niveau depuis 1967, année au cours de laquelle Israël a occupé ce territoire palestinien. Contrôler les frontières En 2005, sans accord avec l'Autorité palestinienne, l'ancien Premier ministre israélien, Ariel Sharon, avait décidé un désengagement unilatéral en redéployant les troupes israéliennes qui occupaient la bande de Ghaza et en les positionnant en bordure de l'enclave palestinienne, pour mieux contrôler ses frontières, ainsi que son espace maritime et aérien. Un acte nécessaire a l'imposition du blocus décidé en 2006 après la capture du soldat israélien Gilaad Shalit par des résistants palestiniens. Bien que libéré en 2011, le blocus étouffe encore la bande de Ghaza. La Cnuced note que les perspectives pour 2015 sont peu encourageantes en raison de l'instabilité des conditions politiques de la réduction des flux d'aides, de la lenteur de la reconstruction et des effets persistants de la retenue par Israël des recettes douanières palestiniennes au cours des quatre premiers mois de 2015. Bien que l'on évoque des tractations secrètes entre le mouvement Hamas, qui contrôle en solo la bande de Ghaza depuis l'été 2007 et Israël sur l'établissement d'une longue trêve contre une levée du blocus et un port maritime, le spectre d'une nouvelle guerre pèse fortement sur l'enclave palestinienne. En cas de nouvelle guerre après celle de l'été 2014 où 2200 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués et des dizaines de milliers de foyers détruits, la bande de Ghaza pourrait devenir invivable bien avant l'an 2020.