En pleine crise « d'identité » du Fonds monétaire international (FMI), le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a fait observer, à Singapour, devant le Comité monétaire et financier international (CMFI) du FMI, la « sous-représentation des pays en développement et ceux à faibles revenus ». Cette déclaration intervient alors qu'un grand débat est engagé autour de la réforme de cette institution afin de renforcer son rôle de gendarme financier, notamment sur les questions de change ainsi que de donner un peu plus de poids en son sein aux économies émergentes. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a ainsi appelé à une réforme globale dans ce domaine afin de « renforcer la crédibilité et la légitimité du FMI ». M. Laksaci a plaidé cette cause au nom de la région qu'il représente composée de l'Afghanistan, l'Algérie, le Ghana, l'Iran, le Maroc, le Pakistan et la Tunisie, dans le cadre des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, qui se tiennent actuellement à Singapour. Faisant référence aux recommandations de la réunion du G24, tenue samedi dernier, le représentant algérien a considéré que « la conception des réformes ne serait conforme au consensus de Monterrey que si la nouvelle formule pour le calcul des quotas reflète le rôle de plus en plus important des pays en développement dans l'économie mondiale ». A ce propos, il a cité les critères d'utilisation d'une mesure du PIB basée sur la parité du pouvoir d'achat, la prise en compte de la vulnérabilité de ces pays aux chocs externes et à la volatilité des flux de capitaux ainsi que l'utilisation d'une mesure relative aux réserves de change pour refléter le recours de plus en plus important des pays émergents à l'auto-assurance. M. Laksaci a proposé que les droits de vote de base devraient au moins tripler afin de « compenser de manière significative leur érosion en termes relatifs par rapport au total des droits de vote pour garantir une voix adéquate aux pays à faibles revenus ». Le gouverneur de la Banque d'Algérie a également demandé au conseil d'administration du FMI de « redoubler d'efforts » pour que les décisions de cet organe soient basées sur sa tradition de recherche du consensus et d'éviter toutes politiques d'exclusion. Pour ce qui est de la conjoncture économique et financière mondiale, M. Laksaci a souligné que « la poursuite de l'expansion économique globale et les perspectives à court terme favorables sont encourageantes ». « Cependant, a-t-il ajouté, « les risques de retournement se sont accentués avec l'élargissement des déséquilibres globaux déjà importants, l'émergence de pressions inflationnistes, la volatilité des prix pétroliers, le tassement des prix de l'immobilier aux Etats-Unis, l'accroissement du protectionnisme suite à l'interruption du cycle de Doha et l'accentuation des tensions géopolitiques ». « Les mesures de politiques nécessaires étant identifiées, les progrès en matière de gestion de ces risques dépendent de la coopération et de la coordination effectives au niveau des pays avancés », a-t-il affirmé. La reprise des négociations dans le cadre du cycle de Doha est tout aussi « cruciale », a encore souligné M. Laksaci qui, au nom du groupe des pays qu'il représente, a appelé le FMI et la BM à jouer un rôle catalyseur pour débloquer ce dossier. Dans le cadre de la stratégie à moyen terme du FMI, il a noté qu'il y a clairement besoin d'un instrument de liquidité de type « assurance » qui garantirait la disponibilité immédiate et automatique d'un soutien financier important au profit des pays ayant des fondamentaux solides, mais qui restent vulnérables aux chocs externes. Amel B., APS