La crise financière qui secoue l'économie mondiale est en train de modifier certaines règles, en particulier dans le domaine monétaire et financier. Une réforme des quotes-parts du Fonds monétaire international (FMI) a été initiée, entraînant une première série de mesures destinées à renforcer la voix et la participation des pays en développement, dans le processus de décision de la BM. Le Comité ministériel conjoint des Conseils des gouverneurs de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) a cependant convenu, il y a quelques mois, d'intensifier la réforme et d'adopter, d'ici 2010, une nouvelle série de mesures sur les quotes-parts et le pouvoir de vote au sein de la BM. Face à la crise mondiale, une approche plurilatérale est la mieux indiquée pour contribuer à jeter les prémices d'un ordre économique plus juste et durable. Or, jusqu'à présent, les décisions prises s'avèrent être insuffisantes, particulièrement pour les pays émergents et les pays pauvres. Participant à Istanbul (Turquie) aux réunions annuelles d'automne du groupe de la BM et du FMI, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a pris part aux travaux du groupe intergouvernemental des 24 (G24), qui s'est penché sur les questions liées aux répercussions de la crise financière. Selon un communiqué du ministère des Finances, parvenu à la rédaction, M. Djoudi a soutenu, dans son intervention, que la crise a mis à nu “la fragilité des systèmes financiers internationaux, la forte dépendance (des) économies et (des) marchés”, ainsi que “la vulnérabilité des pays en développement et des pays pauvres”. À la veille de la rencontre du Comité ministériel conjoint des Conseils des gouverneurs de la BM et du FMI, qui se réunira aujourd'hui et demain à Istanbul, pour procéder à l'évaluation des premières mesures adoptées, le ministre a interpellé les institutions sur l'aide qu'elles doivent apporter aux pays, en matière d'identification des “risques possibles” pour contrecarrer la crise actuelle, et de définition des “instruments et politiques plus appropriés”. Lors des travaux du Comité monétaire et financier international (CMFI) auxquels il a assisté, le ministre a mis l'accent cette fois sur “le rôle du FMI dans la surveillance des crises” et la nécessité de poursuivre “la révision” de l'infrastructure du système financier planétaire. De son côté, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, également présent dans le cadre des assemblées annuelles des institutions de Bretton Woods, s'est félicité des “récents progrès” en matière d'amélioration de voix et de représentation. Dans la déclaration faite devant le CMFI, au nom du groupe de 7 pays (Algérie, Maroc, Tunisie, Ghana, Iran, Afghanistan et Pakistan), M. Laksaci a néanmoins admis que “beaucoup reste à faire” pour réaliser le “rééquilibrage” de la représentation. “Une réforme fondamentale des quotas, y compris à travers une formule de calcul des quotes-parts, révisée pour tenir compte des besoins des pays emprunteurs, est centrale pour atteindre cet objectif”, a-t-il expliqué. Le gouverneur a en outre estimé que la réforme globale de la gouvernance du Fonds doit déboucher sur “un transfert significatif des parts de vote des pays avancés vers les pays en développement”, sans que ce transfert ne se fasse au détriment d'autres pays en développement ou de pays à faibles revenus. De plus, a-t-il noté, “les augmentations de quotes-parts doivent inclure un élément équi-proportionnel” et ce, pour que “les ajustements se fassent plus graduellement”. Plus loin, M. Laksaci a signalé que les 7 pays qu'il représente sont ouverts aux propositions en cours, relatives au renforcement du rôle du CMFI, et sont notamment favorables à “une présidence sous forme de troïka, avec une durée réduite du mandat du président du comité, afin d'assurer la continuité”.