Succession de crises dans différentes filières, instabilité des rendements agricoles, forte dépendance vis-à-vis des importations, déconnexion avec l'industrie agroalimentaire et absence de circuits de distribution sont autant d'éléments qui illustrent la désorganisation de l'agriculture. Qu'il y ait abondance de production ou déficit, l'impact se fait toujours ressentir chez le consommateur. Dans les deux cas, il est difficile de stabiliser la mercuriale. Une stabilisation qui ne peut se faire qu'à travers la création des marchés de gros essentiellement. Or, les projets lancés dans ce cadre tardent à être ficelés. Idem pour les marchés de proximité. L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) revient d'ailleurs à chaque fois sur ce point. A défaut donc de généraliser les points de vente organisés, place aux différents intervenants dans une chaîne où la spéculation n'en finit pas et où les éleveurs et les agriculteurs restent les derniers à tirer profit de cette course au gain animée par des acteurs qui n'ont rien à voir avec l'agriculture, encore moins avec le commerce. Ce qui, il faut le reconnaître prive le monde agricole de la valorisation de ses produits, mais surtout de l'augmentation de moyens de production et d'investissement, ce qui entraîne par ricochet la faiblesse de la production, particulièrement dans les filières dites stratégiques (céréales et lait). L'exemple nous vient en cette période marquée par les préparatifs de l'Aïd El Adha, avec la multiplication des faux maquignons, qui se font surtout remarquer dans les villes et les centres urbains. «Des acteurs qui n'ont rien à voir avec le métier se transforment, l'espace d'un mois, en vendeurs de moutons et engrangent de gros bénéfices avec les prix appliqués, au détriment des éleveurs», fera remarquer Mohamed Allioui, secrétaire général de l'UNP, qui poursuivra : «Le jour où les acteurs de la filière ovine s'organiseront, il n'y aura plus de spéculation comme c'est le cas à chaque Aïd». C'est le cas aussi dans d'autres filières (pomme de terre, légumes…). Sur ce marché, on assiste d'ailleurs à une montée en flèche des prix. Si les détaillants se plaignent d'un manque de marchandises au niveau des quelques marchés de gros existants, l'UNPA nie cela. «On stocke illégalement la production faute de contrôle», nous explique-t-on à ce niveau. Si auparavant la situation économique du pays permettait de recourir aux importations face aux pratiques spéculatives, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Des importations qui, à titre de rappel, ont été multipliées par 10 depuis 1970, alors que la population ne s'est multipliée que par 3. Les importations ont touché toutes les filières sans exception, surtout durant les années fastes, où le marché des produits agricoles a été inondé par des fruits et légumes achetés sur le marché international alors que la synergie entre l'agriculture et l'agroalimentaire se fait attendre. «La phase d'euphorie avec son abondance et sa légèreté à gérer les problèmes de développement par des solutions de facilité ont poussé le pays à tout importer au détriment de la production nationale », estime l'expert Mohamed Amokrane Nouad, qui conclura : «L'orientation vers l'amélioration du taux de valorisation des produits agricoles par la transformation et celui de l'intégration de la production nationale et le développement du potentiel à l'export vont améliorer la remontée des filières et leur organisation tant en amont en des organisations professionnels qu'en aval par le développement d'une véritable interprofessionnelle d'où émergeront les champignons de demain tant dans le secteur agricole qu'industriel ». Mettra-t-on le paquet à cet effet ?