Ramadhan 2006 est à nos portes, et la télévision nationale, comme de coutume,s'est bien avisée de concocter une “grille spéciale” pour essayer de répondre autant que faire se peut à l'attente du public algérien qui, on ne le dira jamais assez,retrouve en ce mois sacré, avec une énorme réceptivité et une grande boulimie de consommation d'images, l'ambiance idoine des soirées intimistes pour privilégier l'Unique par rapport aux chaînes étrangères satellitaires. Ambiance familiale, très conviviale, qui replace la télé nationale de loin en tête de l'audimat en raison de son programme divertissant notamment, dans lequel nos téléspectateurs se retrouvent et se reconnaissent.Dire le quotidien des algériens avec des gestes et un langage qui leur est familier, le tout enrobé dans un humour qui les déconnecte des situations de fatigue et de stress,voila une recette qui partira à coup sûr encore une fois gagnante, même si les produits proposés ne seront pas toujours au top de la qualité.On l'a déjà constaté durant les Ramadhan précédents,pratiquement toutes les émissions nationales allant du feuilleton au sit-com, en passant par les séries,ont recueilli, chacune dans son genre,une bonne part d'audience.De ce point de vue, on peut dire que la télévision nationale, qui réalise en l'espace de ce mois des scores incroyables alors que le reste de l'année elle peine à fidéliser son public, rehausse largement sa crédibilité, mais en même temps se voit contrainte de ne pas trop ronronner sous prétexte que les algériens se solidarisent sans trop se poser de questions avec leur chaîne. C'est l'erreur qu'il ne faut pas commettre car un produit mal fait a... du mal à passer.Il n'y à qu'à se rappeler l'accueil très froid qui a été réservé à Babor Dzaïr,le feuilleton conçu par Merzak Allouache avec un budget colossal qui a fait délier beaucoup de langues.Cette production décevante sur toute la ligne de la propre appréciation des responsables de l'ENTV, aura été certes le point noir le plus visible du programme, mais aussi et surtout celui qui trahit les faiblesses de l'Unique à croire que le clinquant suffit à lui seul pour réussir une promotion télévisuelle.La leçon a t-elle été tirée ? On l'espère, bien que la thématique générale de cette grille spéciale placée sous le signe de :”algérianité,convivialité,et diversité dans un contexte de piété et de tolérance” nous amène à penser que nous aurons droit à un “fourre-tout” ou il serait difficile de faire la part des choses. Entre la langue de bois et l'envie de faire de ce mois de Ramadhan un véritable miroir de la qualité télévisuelle nationale,il y a comme un fossé pas encore comblé.Certes, les ambitions d'algérianiser les productions ne manquent pas, mais à quelle finalité doit-on se fier pour évaluer la dimension culturelle,technique, émotionnelle de cette grille ? En détail,ce seront encore les programmes de divertissement qui tiennent la corde dans le volume horaire global avec 302 heures de diffusion sur les 540 heures que contient la grille, soit 55,92 % .Les programmes éducatifs et culturels suivent avec 141 heures (26,11 %) de diffusion, devant l'information qui aura 77 heures (14,25%).Par ailleurs, les efforts de l'Unique pour s'imposer à son public se mesurent à travers l'espace conquis par la production nationale (publique et privée) qui sera de 392 heures (71,49%) contre 148 heures (28,51) consacrées à la production étrangère.Une ascendance donc qui devrait remplir confortablement nos soirées ou le nouveau feuilleton mélo dramatique qui risque encore de faire pleurer dans les chaumières s'appelle Wahiba. Après El Badhra, c'est au tour de Wahiba, réalisé par Messaoud Laib qui aura la lourde responsabilité de soutenir tout le poids de la grille. Et puis, le reste relève du classique : Caméra cachée,sit-com, concertes de chants,feuilleton religieux, etc... pas de grandes nouveautés dans les genres, mais une continuité qui n'aura pas le droit d'ennuyer.