Les Italiens auraient accepté, sur une demande américaine, de passer à l'action en Irak, au sein de la coalition dont ils font partie. L'annonce de cette nouvelle coïncide avec la visite, en Italie, du secrétaire d'Etat américain à la Défense, Ashton Carter. L'Italie voulait un rôle plus prestigieux pour son armée, en Irak, et des groupes d'intérêt comme le grand quotidien Corriere Della Sera, qui appartient au patronat, avaient tiré par la veste le gouvernement de leur pays, afin qu'il soit plus audacieux au sein de la coalition américano-européenne qui est engagée, depuis une année, dans une offensive aérienne contre les groupes armés de Daech. Après avoir tenté, en vain, de convaincre ses alliés de la nécessité d'une intervention militaire en Libye, la péninsule a tourné son ambition vers l'Irak. Et même si le gouvernement de Matteo Renzi, vite interpellé par l'opposition, a précisé qu'il ne s'agissait «que d'une hypothèse», commentant la nouvelle de la participation italienne aux raids en Irak (information publiée hier par le Corriere Della Sera), les partis de l'opposition ont demandé respectivement aux ministres de la Défense et des Affaires étrangères de se présenter devant le Parlement pour expliquer les tenants et les aboutissants de cette nouvelle mission. Jusque-là, la présence militaire italienne en Irak se limitait à fournir des armes aux milices kurdes et à les entraîner. En outre, l'Italie avait fourni 4 avions de chasse, stationnés dans une base américaine au Koweït, et des drones employés dans des missions de reconnaissance. Ce changement de cap pourrait contraindre l'Exécutif de centre-gauche à passer devant le Parlement pour obtenir une autorisation à agir, comme le prévoit la Constitution italienne. Les observateurs rappellent également la réaction du président du Conseil italien aux raids français en Syrie. Ce dernier avait critiqué la position du pays voisin et réitéré que l'Italie «ne bombarde pas». Hier, les responsables italiens n'ont pas toutefois démenti l'information, mais ont laissé entendre que cette opération aérienne ne sera pas étendue à la Syrie, justifiant ce choix par le fait que c'est le gouvernement irakien lui-même qui en est le demandeur, contrairement à celui de Damas qui n'a autorisé que la Russie à faire joujou de ses bombardiers dans son ciel. En réalité, en Irak, tout comme en Libye, l'Italie a investi beaucoup en matière d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures, et compte bien, suivant l'exemple américain, protéger ses investissements… Et Daech, qui se porte très bien après une année de guerre aérienne de la coalition des alliés (américains, européens, arabes...), reste le meilleur leitmotiv à invoquer pour ne pas passer pour des néocolonialistes assoiffés de gaz et de pétrole.